Pas de poussière non, quoi qu’en suggère le titre de cet article, le Grenier de Toulouse a beau être la plus vieille compagnie de théâtre de la ville rose (et l’une des plus anciennes de France) il ne sent pas la naphtaline. Installé comme un coq en pâte depuis plusieurs années déjà à Tournefeuille où la troupe conçoit et joue ses spectacles à guichets fermés à l’Escale, tout en posant les premières pierres de sa future maison de résidence et de formation, le Grenier est débordé mais tout simplement… heureux, comme le confirme Pierre Matras, l’un de ses directeurs artistiques.
Des projets en dur
Après une histoire longue d’un demi-siècle (il nait en 1945 sous la houlette de Maurice Sarrazin) et une route faite de diverses escales, où il est logé à Toulouse puis à Roques sur Garonne avant de trouver refuge à Tournefeuille, le Grenier de Toulouse a semble-t-il définitivement posé ses valises dans cette dernière municipalité : « La ville de Tournefeuille nous accompagne formidablement : nos créations sont accueillies en résidence à l’année depuis 2012, on a 100 % de la recette et ils nous prêtent le Théâtre de l’Escale gratuitement, tout en nous finançant à hauteur de 10 000 euros sur une coproduction par an. Par ailleurs, la mairie a mis à notre disposition un terrain pour y bâtir la Maison du Grenier : les travaux démarrent concrètement ce mois-ci, on vise une inauguration en juin prochain et l’ouverture en septembre 2017 ».
Des partenariats en développement
« Dans cette future Maison seront implantés nos bureaux et les locaux où seront mis en œuvre les trois axes création / accueil en résidence et formation que nous voulons développer. L’accueil et l’aide aux compagnies notamment feront l’objet d’une communication nationale car on va bénéficier d’un superbe plateau, 10m x 15m, donc ce bel outil nous encourage à aller à la rencontre de gens qui en ont besoin et qu’on va pouvoir accueillir dans des conditions optimales. Côté formation, on se concentre prioritairement sur la formation des publics amateurs, enfants et adultes, avec des stages intensifs sur des thèmes pré-définis. On est toujours très impliqués dans les échanges auxquels nous amène le mécénat et on ouvre également notre programmation cette saison sur de nouveaux lieux partenaires : la salle Nougaro (où vont être reprises les chansons de Lynda et Alphonse, la Comédie de Toulouse où l’on recrée Un fil à la patte et Altigone où se rejouera Un air de famille). »
Des standards en or
PM : « En parallèle aux travaux de la Maison, on ne fera pas de créations pures cette année mais des re-créations, c’est à dire que l’on adaptera certains de nos plus grands succès (comme Devinez qui ? adapté de Dix Petits nègres par exemple) spécialement pour Tournefeuille. L’objectif c’est de remplir les salles, de faire venir les gens au théâtre. Reprendre nos standards et les redonner à voir après deux mois de répétitions, cela doit non seulement nous permettre de tout mener de front, mais aussi au public tournefeuillais de voir des pièces qu’on a beaucoup jouées avec des comédiens qu’on adore. Denis Rey par exemple, revient en Richelieu dans Les trois mousquetaires et il jouera aussi le juge dans Dix petits nègres. Laurent Collombert aussi reprend son rôle dans Un air de famille et celui du maître de philosophie dans Le Bourgeois gentilhomme. D’autres membres de la troupe reprennent cette année certains de leurs spectacles, inédits à Tournefeuille et jamais rejoués depuis leur création : Céline Bernat reprend ainsi pour la première fois Frida, son solo sur Frida Kahlo».
Des grosses productions en béton
PM : « On reprend plusieurs de nos grosses productions, celles où l’on est très nombreux sur scène, sur des durées longues, quatre semaines en moyenne : Dix petits nègres (tout le mois de décembre, fêtes incluses) et Les trois mousquetaires (15 février / 12 mars 2017). J’adore ça, raconter des histoires, les grosses machines scéniques, je suis un fan absolu de comédies musicales ! Et puis on prend beaucoup de plaisir à se retrouver tous ensemble : cela fait quinze ans que l’on travaille ensemble et toujours dans la bonne humeur, avec un véritable esprit de troupe. C’est un vrai bonheur car chacun se complète et s’inspire mutuellement. Bien sûr, au fil des années, avec le succès et le rythme des reprises, la troupe s’est agrandie. Les plus anciens, nous prenons de l’âge (rires) et il fallait bien des « petits jeunes » pour jouer les rôles de jeunes premiers. Cédric Guerri, qui sera un fougueux d’Artagnan, Yohan Villepastour, Rose-Hélène Michon sont donc venus étoffer l’équipe. »
Des cerises sur le gâteau
« Il va y avoir aussi des soirées spéciales, pour aller à la rencontre du public de proximité : l’an dernier lors de cette soirée, toute l’équipe avait chanté avec cinquante musiciens, cette année on vous concocte autre chose, avec des lectures, des tombolas, etc. Et il y aura des soirées à thème « Le Grenier consulte » au mois de mai (celle prévue le 9 mai étant déjà complète nous proposerons une deuxième date), où nous invitons sur scène un vrai psychiatre, le Docteur Claude Maillet. On joue des extraits de nos pièces et certains personnages en scène font l’objet d’une consultation du docteur, et sont analysés en direct. Ces soirées sont un excellent moyen de tisser des liens avec notre public et de le fidéliser ».
Mais avant le mois de mai et ses plaisirs, la saison vient juste de s’ouvrir avec Théâtre sans animaux, pièce caustique de Jean-Michel Ribes qui réunit derrière une série de sketches drôlissimes tous les ingrédients d’une peinture de l’humanité à petites touches. A découvrir à l’Escale jusqu’au 9 octobre.
Cécile Brochard
Crédit photos
Oscar © Guillaume Fraysse
Le bourgeois gentilhomme / Théâtre sans animaux © David Gaborit