Les œuvres dessinées et cousues de l’artiste Chantal Fochesato sont exposées depuis le 24 juin et jusqu’au 10 septembre à la Fondation pour l’art contemporain Espace Ecureuil. Intitulée, « Tout est calme », l’exposition n’est-elle pas l’occasion de se questionner : tout est-il véritablement calme ?
Chantal Fochesato : une artiste couturière engagée
Consécutivement à des études tardives d’art contemporain, Chantal Fochesato aborde au départ la sculpture, pour se consacrer par la suite principalement, au dessin, la broderie et la couture, en réponse à son besoin de travailler le tissu. La thématique de l’enfance s’impose assez vite chez l’artiste, qui souhaite impacter par ses œuvres.
La série « Peau de soi » présente dans un premier temps dix-huit vêtements pour bébé. L’artiste se dit extrêmement touchée par le sort de certains enfants et semble ressentir la nécessité de dénoncer certaines pratiques : l’endoctrinement, l’esclavage moderne ou les mariages arrangés des toutes jeunes filles notamment. Dans cette optique et au moyen d’une mise en scène impeccable, Chantal Fochesato propose des petits vêtements chargés de messages impactants comme une brassière serpillère, une combinaison camouflage ou encore une salopette unijambiste… Plutôt que vouloir faire réagir à tout prix le spectateur, ses messages semblent d’abord être un devoir personnel de critique nécessaire.
Un retour en arrière : de la couture au dessin
Chantal Fochesato se tourne alors vers le dessin, sur du papier de soie, qu’il est souhaitable de manier avec délicatesse et mesure et dont elle aime tant le bruit lorsqu’on le manipule. Sur ce papier, elle élabore plusieurs séries de dessins brodés car le dessin n’est finalement qu’un prétexte à la broderie. « Poupées orphelines » pour extérioriser sa solitude et ses douleurs, les souvenirs d’enfance avec la série intitulée « Chimères » et « Mines antipersonnel » comme pour prendre conscience de cette réalité.
Un manteau, comme un bouclier dirigé vers l’extérieur
C’est assez facilement ensuite, qu’elle en vient aux manteaux : point central de l’exposition à la Fondation Espace Ecureuil. Ces manteaux d’une part laissent place à la réflexion et d’autre part protègent celui qui le porte de la sphère publique : ils sont tour à tour des interrogations, des témoignages, des rencontres,… Chantal Fochesato souhaite interagir avec son manteau d’éveil ou bien encore interpeler avec celui composé entièrement de scotch. En effet pour ce dernier, elle s’est attardée sur le regard des autres, la résonance qui peut exister entre le surpoids et l’anorexie et leur difficile prise de conscience. Elle aborde aussi les thèmes de la surconsommation et de l’opulence mais aussi de la préservation de l’environnement. Ces manteaux seront d’ailleurs portés pour le défilé/performance organisé le samedi 15 octobre prochain, à la Chapelle des Carmélites de Toulouse, dans le cadre du festival des Jardins Synthétiques.
Dans le noir de la galerie de portraits
L’exposition se termine avec une galerie de portraits faits de fils et de perles colorés, à découvrir à la lueur d’une lampe-torche et représentant des personnalités célèbres ou non, réelles ou pas, qui sont entrées dans sa vie ou même pas. Dans cette série, Chantal Fochesato évoque pour la première fois dans ses œuvres les hommes. A la manière d’une calavera mexicaine, elle représente ces hommes qui l’ont successivement déçue, vexée, dépitée ou enthousiasmée.
Toutes les œuvres de Chantal Fochesato ont un pourquoi. C’est précisément ce pourquoi qui semble pouvoir provoquer chez nous ce malaise ou tout du moins ce questionnement essentiel à ses yeux.
Marjorie Lafon
Fondation pour l’art contemporain Espace Ecureuil
photos © François Talairach