L’Orchestre national du Capitole est de retour de Russie où il a donné, au Théâtre Bolchoï de Moscou, le monumental Requiem de Berlioz. Tugan Sokhiev, qui assure depuis janvier 2014 la direction musicale de ce prestigieux théâtre, y dirigeait pour la première fois son orchestre toulousain. La phalange et son directeur musical retrouvent Berlioz à la Halle aux Grains. Le concert du 29 avril prochain permettra ainsi de redécouvrir l’une de ses œuvres les plus originales, sa symphonie dramatique Roméo et Juliette.
Hector Berlioz est décidemment l’un des compositeurs chers à l’Orchestre national du Capitole et à son directeur musical. Sa lecture du drame de William Shakespeare, qui accompagne l’ensemble de son parcours artistique, a donné naissance à l’une des partitions les plus inspirées de toute la musique romantique, renouvelant totalement les codes de la symphonie. Ni opéra, ni oratorio, Roméo et Juliette ne recoupe aucun modèle vocal ou symphonique existant, mais les recompose entièrement : des solistes, certes, mais des personnages principaux (Roméo et Juliette) sans paroles ; un chœur pour commenter l’action selon le modèle antique de la tragédie grecque et une voix de contralto jouant l’intermédiaire entre les personnages et le chœur.
Berlioz a laissé de nombreux écrits consacrés à Roméo et Juliette : préface, avertissement, longs développements dans ses Mémoires et dans sa correspondance, qui nous éclairent beaucoup sur la manière dont le compositeur a musicalement abordé la tragédie de Shakespeare. Dans sa Préface à la partition, il note en particulier : « On ne se méprendra pas sans doute sur le genre de cet ouvrage. Bien que les voix y soient souvent employées, ce n’est ni un opéra de concert, ni une cantate, mais une symphonie avec chœurs. Si le chant y figure presque dès le début, c’est afin de préparer l’esprit de l’auditeur aux scènes dramatiques dont les sentiments et les passions doivent être exprimées par l’orchestre. »
Le livret a été écrit par Émile Deschamps et l’œuvre complète a été assignée aux numéros de catalogue Op. 17 et H.79. L’inspiration initiale est née d’une représentation de Roméo et Juliette (dans une version modifiée de David Garrick) au théâtre de l’Odéon à Paris. Harriet Smithson, pour laquelle Berlioz éprouva un amour qui lui a inspiré la Symphonie fantastique, faisait partie de la troupe. Dans ses Mémoires, Berlioz décrit l’effet électrisant du drame.
La gamme de sentiments, d’émotions autant que les inventions poétiques et formelles que Berlioz trouve chez Shakespeare ont eu une forte influence sur sa musique, qui rend naturelle cette adaptation directe d’une de ses œuvres.
L’œuvre, qui connut un franc succès lors de sa création en 1839, sera l’occasion de retrouver à Toulouse le grand chœur basque Orféon Donostiarra et son directeur José Antonio Sainz Alfaro. La mezzo-soprano Julie Boulianne, la basse Patrick Bolleire et le ténor Loïc Félix, seront les solistes de cette épopée musicale.
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse
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