On le sait, un opéra, c’est de la musique, du chant et du théâtre, du moins c’est ce que les amateurs attendent d’une représentation sur scène. Les enregistrements audio ne sont qu’un ersatz. Il manque un ingrédient. C’est pourquoi, lorsqu’une mise en scène, sans être révolutionnaire, ne vous laisse pas une minute de répit, sans faire aucunement appel à ces provocations à la mode ou à tant de ces transpositions “foireuses“, on ne peut qu’être satisfait.
Voir mon article de présentation : vent de jeunesse sur le vieil ordre social……
Merci à Marco Arturo Marelli qui respecte les illustres compositeur et librettiste. On est au XVIIIè et Mozart est bien là. Pas besoin de quatre pages au metteur en scène et scénographe pour expliquer ses intentions, ni de trafiquer les récitatifs. Les décors de Marelli, les costumes de Dagmar Niefind et les lumières de Friedrich Eggert donnent aux différents tableaux un certain piquant et favorisent le déroulement de l’action. Mais, on n’est pas au début XIXè et chez Rossini, donc du comique mais sans trop. On en excuse, presque ! les bosquets du dernier tableau qui font un peu moquette gazon plaquée. Là, j’aurais peut-être tamisé un peu plus les lumières !!
Très heureuse surprise avec la fosse. Non pas que l’on doute du talent de nos musiciens de l’orchestre – les bois se révèlent superlatifs – mais dès l’ouverture, on se dit que l’on est bien chez le divin Mozart. Est-ce la fosse surélevée ? un peu, mais davantage l’implication du chef Attilio Cremonesi qui offre un écrin idéal au plateau. Aucun instant de théâtre dans le déroulement de cette “folle“ journée ne lui échappe. Tout est parfaitement mené.
Enfin, la distribution vocale. D’une grande cohésion. De manière tout à fait personnelle, je suis un brin admiratif devant une prouesse, celle d’avoir pu réunir un groupe de chanteurs-acteurs d’un tel niveau. On a l’impression, telles la connivence, la spontanéité, l’aisance sont grandes, d’avoir affaire à une troupe. Debout, assis, couché, ils chantent. Exigence théâtrale au maximum. Les portes s’ouvrent et se ferment et claquent comme la gifle. Chacun vit son personnage et concourt à l’unité de l’ensemble.
Que dire du couple radieux Figaro-Suzanne ? et celui Comte-Comtesse ? Sans omettre la complicité effective du couple Suzanne-la Comtesse, cette dernière n’ayant pas oublié qu’elle fut Rosina? et que dire du papa et de la maman, soit Marcelline-Don Bartholo ? et que dire encore du virevoltant et parfaitement crédible Chérubin ? Oserait-on ne pas citer Don Basile, Don Curzio, Barbarina, et Don Antonio et son pot de fleurs ? Les Chœurs participent au mieux à ce que le compositeur a bien voulu leur écrire.
Tous “se défoncent“ pour conduire à la réussite de cette production, et bien sûr à la réussite des Noces. Au final, un accueil enthousiaste d’un public conquis.
N.B. Pour situer le niveau, on signalera juste que, Anett Fritsch, pétulante, virevoltante et bien chantante Susanna, pleine d’impertinence affirmée sera La Comtesse dans Les Noces du Festival de Salzbourg ce prochain été.
Dernière représentation le vendredi 26 pendant que Barbarina, la jeune Elisandra Melian vous attend aux Midis du Capitole ce lundi 21 avril, 12 :30.
Michel Grialou
Photos des Noces de Figaro © David Herrero