Récit initiatique tourné dans les Pyrénées, « Quand on a 17 ans » est le nouveau film d’André Téchiné. Décryptage.
Depuis « Paulina s’en va » en 1969, André Téchiné est à la tête d’une vingtaine de longs métrages de fiction. Coécrit avec Céline Sciamma, réalisatrice de « Tomboy » et « Naissance des pieuvres », « Quand on a 17 ans » est l’opus 21 de sa filmographie pour le cinéma. Il y décrit la confrontation agressive de deux lycéens solitaires contraints de cohabiter sous le même toit, au cœur des Pyrénées. «Mon intention était de faire un film physique et de raconter un corps à corps entre ces adolescents, avec au milieu un personnage de mère. Je voulais aussi essayer de l’envisager comme un film d’action, d’aventures, où va se construire un apprentissage de la vie», déclarait-il à l’AFP lors de la projection au Festival de Berlin.
André Téchiné a choisi Sandrine Kiberlain pour interpréter le rôle de la mère et Alexis Loret pour celui du père. Ce dernier a été révélé par le cinéaste en 1998, dans « Alice et Martin » tourné également dans la région. «J’aime filmer la nature et les éléments. Dans mon enfance et mon adolescence cette région faisait partie de mon territoire. J’y ai tourné beaucoup de mes films. C’est sans doute là que j’ai appris à voir les choses, c’est une lumière et un univers qui ont été très fondateurs pour moi. Si dans mes films je ne parvenais qu’à une seule chose, restituer ces paysages et cette lumière-là, ce ne serait déjà pas si mal», déclarait André Téchiné à l’époque.
Un constat s’impose aujourd’hui comme une évidence : c’est dans cette lumière qu’il a trouvé l’inspiration pour signer ses films les plus vibrants, du « Lieu du crime » en 1986 aux « Roseaux sauvages » en 1994, en passant par « Ma saison préférée » l’année précédente. Une trilogie magnifique à laquelle il convient d’ajouter le très lumineux « les Égarés », tourné dans le Lot en 2003, avec Gaspard Ulliel et Emmanuelle Béart.
On retrouve également dans « Quand on a 17 ans » les thèmes souvent abordés par le cinéaste que sont l’adolescence et l’homosexualité. De ce point de vue, son film phare est « les Roseaux sauvages », dans lequel il se dévoile dans le personnage de François, un jeune cinéphile qui découvre son homosexualité dans un lycée du Lot-et-Garonne en pleine guerre d’Algérie. Portrait de quatre adolescents, le film réussit le pari de toucher à l’universel en alliant initiation politique et initiation sentimentale avec une apparente simplicité.
En 1990, André Téchiné adaptait un scénario de Jacques Nolot, « J’embrasse pas » ou l’arrivée d’un jeune provincial à Paris, lequel finit par se prostituer pour survivre. En 1983, il avait filmé pour la télévision la pièce du même scénariste, « la Matiouette », ou le retour, dix ans plus tard, de ce jeune provincial dans son village natal du Sud-Ouest, en blond décoloré et pédé assumé, confronté au racisme et à l’homophobie de son frère. C’est Jacques Nolot lui-même qui réalisera dans le Gers, en 1998, le troisième acte de cette autobiographie, « l’Arrière pays ».
Jérôme Gac
une chronique du mensuel Intramuros
« Quand on a 17 ans », d’André Téchiné, avec Sandrine Kiberlain,
Kacey Mottet-Klein, Corentin Fila, Alexis Loret, etc. (1h56).
Quand on a 17 ans Bande-annonce VF