LETTRE DE JONAS AUX CALIFORNIENS
Fermez les yeux…
Grand angle sur une plaine aride où semble courir un vent chaud et poussiéreux. Au loin, sur la ligne d’horizon deux masses sombres comme en équilibre, encadrent une silhouette trouble et chancelante. Une carriole et ses deux chevaux.
Petit à petit, portée par le vent, une mélodie s’impose à vous. Un riff de guitare, lent et répétitif comme le cliquetis des roues ferrées sur la piste. Puis la plainte d’un harmonica déchire cette hypnotique plénitude.
Vous l’avez ?
L’ambiance est là ?
Alors imprégnez-vous et ouvrez « UNDERTAKER », la bande-dessinée digne des meilleurs Sergio Leone ou Clint Eastwood.
La bande-dessinée héritière des légendaires Blueberry du duo Giraud/Chartier et de Jonah Hex de chez Dc.
Tout y est, le bon mélange des ingrédients indispensable à un bon western comme on les aime.
Des salopards poisseux suintant le vice et la cruauté, comme la sueur chaude qui coule le long de leurs joues mal rasées.
Des belles jeunes femmes bien, soit disant sous tous rapports, pourtant prêtes à tout pour survivre dans cet enfer.
Et un héros malgré lui car ni bon, ni gentil, mais répondant à une espèce de code de l’honneur qu’il s’est créé quoi qu’il advienne.
Cette fresque de l’Ouest américain est un concerto à six mains (normal pour l’univers des six coups.).
D’abord, par galanterie, Caroline Delabie, coloriste de son état, et belge de nationalité, réussit dans cette saga à mélanger les tons chauds des déserts de l’Ouest américain avec les dégradés de bleu qui rappellent les nuits froides et l’acier des colts.
En suivant, Ralph Meyer né à Paris en 1971 (comme moi… juste pour la date). Dès son plus jeune âge passionné de BD, il s’allaite, autant à Gaston et Blake et Mortimer, qu’aux super-héros américains. Plus tard, il découvre Giraud/Moebius qui influencera fortement la suite de son travail.
A vingt ans, il tente l’aventure belge et s’expatrie à Liège pour suivre les cours de bande-dessinée et illustration de « St Luc ». En 1996, il s’associe au scénariste Philippe Tome avec lequel ils créeront la trilogie « Berceuse assassine ».
Il fonde aussi, en cohabitation avec d’autres auteurs, l’atelier « Parfois j’ai dur ».
Après de nombreuses publications avec d’autres partenaires, il recevra en 2010 le prix bruxellois «St Michel » du meilleur dessin. Il vit actuellement à Liège.
Et le dernier, mais non des moindres, Xavier Dorison, né à Paris en 1972 (quelle génération !).
Après trois ans en école de commerce, où il réalisera le Festival de BD des grandes écoles, il part travailler chez Barclays Corp. 1997 parution du premier tome du « Troisième Testament » avec Alex Alice au dessin, c’est un succès immédiat.
Suivront, « Prophe » et Sanctuaire » chez Les Humanoïdes Associés et une participation des plus actives comme co-scénariste du film «Brigades du Tigre » qu’il reprendra ensuite en BD chez Glénat
Scénariste de talent, Darison co-scénarise avec Fabien Nury, « W.E.S.T » un western fantastique (déjà le goût des épopées Ouest- américaines), il enchaine avec une épique histoire de pirate, basée sur un classique « Long John Silver ».
Darison est un homme de récit, d’histoires longues et rythmées qui vous tiennent en haleine, celles qu’il vous coûte de quitter car il est l’heure de faire autre chose ou parce que malheureusement le tome est terminé.
Juan Bub
Undertaker chez DARGAUD, déjà 2 tomes parus.