Mais Emmanuel Pahud , même si il méritait mieux, a enchanté le public lui !
Délaissant ses bases baroques, le chef Giovanni Antonini est venu plusieurs fois diriger l’Orchestre du Capitole avec succès. Nous avons connu le maestro italien plus inspiré dans sa direction qui ce soir a semblé sans relief. Ne ménageant pas les effets dans ses gestes, c’est parfois avec brutalité et sans charisme qu’il a semblé brider l’orchestre et a paru même le violenter. La symphonie « Parisienne » de Mozart avec un orchestre riche a été seulement brillante, sans élégance et sans finesse au delà d’effets diaphanes pour les cordes. Peu de nuances, peu de couleurs : Mozart comme absent. Avec l’entrée du flûtiste Emmanuel Pahud, l’élégance était attendue. Las, le génial flûtiste, a lui aussi été bridé dans sa fine musicalité et a fait ce qu’il a pu avec un orchestre lourd et sans nuances vraiment marquées. Comment alourdir ce si délicat andante pour flûte et orchestre avec un soliste si sobre?
Emmanuelle Pahud : flûte subtile et musicale
Voulant probablement faire bonne mine, le chef a demandé une rage hors de propos à l’orchestre dans l’introduction du Concerto de Devienne. Emmanuel Pahud n’a pas pu vraiment s’imposer en musicien et a du rester virtuose au milieu de cette brutalité. L’andante a été ennuyeux par manque de couleurs de l’orchestre. Seule la beauté du son du flûtiste a régalé nos oreilles. Ce son toujours homogène, jamais métallique et toujours parfaitement juste, fait d’Emmanuel Palud le digne héritier des plus grands flûtiste de cette fameuse école française justement crée par Devienne.
Le final du concerto, brillant et virtuose a permis à Emmanuel Pahud d’imposer une suprématie indiscutable avec l’élégance d’une autorité naturelle.
C’est dans le bis absolument somptueux que le flûtiste franco-suisse a donné la mesure de son talent. Son interprétation sensible et sensuelle de cette pièce incroyable de Debussy a rendu cruelle les limites que la direction si peu inspirée d’Antonini a imposé au brillant flûtiste. Le Faune s’est éveillé sous nos yeux et la sonorité délicate de sa flûte, dans des nuances subtiles et des couleurs diaphanes, a été un enchantement. Que de poésie, délicatesse dans ces notes comme suspendues et mourantes ! Le silence long et ému qui a suivi la dernière note évanouie a été un grand moment de musique.
Après ce sommet de musicalité, la deuxième partie du concert, avec la sixième symphonie de Beethoven a passé sans rien de remarquable. Si justement la flûte en bois très poétique de Sandrine Tilly, en parfaite harmonie avec ses amis des bois, le hautbois de Louis Seguin, la clarinette de David Minetti et le basson de Lionel Belhacène, nous ont tous offert de belles couleurs et une belle homogénéité créant des ilots de grande musicalité.
Un « petit » concert sauvé par la musicalité d’Emmanuel Pahud dans son bis. La seule motivation d’ un chef ne suffit pas s’il lui manque l’inspiration afin de permettre à un chef d’oeuvre comme la Pastorale de se déployer.
Compte rendu, concert. Toulouse. La Halle-aux-grains, le 12 janvier 2016 ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791): Symphonie n° 31 en ré majeur K.297; Andante pour flute et orchestre en ut majeur, K.315; François Devienne (1759-1803) : Concerto pour flute et orchestre n° 7 en mi mineur ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°6 « Pastorale » en fa majeur,Op. 68; Emmanuel Pahud, Flute ; Orchestre National du Capitole de Toulouse.Giovanni Antonini, direction.
Chronique écrite par Hubert Stoecklin pour Classique News.com