En décembre, le 17, c’est La Damnation de Faust d’Hector Berlioz. Qui n’est ni un opéra, ni un oratorio, mais une succession de tableaux autonomes. On dit “ légende dramatique“.
L’œuvre est répartie en quatre parties, d’ampleur d’ailleurs fort inégale. La deuxième, en effet la plus longue, dure le triple de la première, et l’entracte se situe généralement après elle. Ce sont, non moins de vingt scènes, parfois constituées de plusieurs “numéros“ musicaux, ceci sans compter les récitatifs et dialogues de liaison. Tous ces morceaux sont donc relativement brefs, ce qui en fait bien un oratorio profane. Avant de devenir l’une de ses œuvres les plus populaires et les plus jouées, La Damnation de Faust tomba à plat ce soir glacial du 6 décembre 1846, où le public parisien resta frileusement chez lui. Ce fut un véritable désastre financier pour Berlioz, qui avait tout misé sur le succès de son œuvre nouvelle. Il meurt en 1869, désespérant qu’elle puisse revivre. Soudain, en 1877, elle va ressusciter. Grâce, au début à un certain Edouard Colonne, chef d’orchestre, elle va connaître pendant plus de cinquante ans, une vogue triomphale.
Philippe Jordan
La production est dirigée par le Directeur musical de l’Opéra de Paris, Philippe Jordan. Pour une œuvre aussi imposante de richesse musicale et de force dramatique, le chef a une importance capitale. Pas de souci avec le patron de la fosse.
Si l’on vous dit que le malheureux Faust, c’est le ténor au firmament, Jonas Kaufmann, Marguerite, la mezzo-soprano Sophie Koch et Mephistophélès, l’immense Bryn Terfel, la star des barytons-basses, celui qui se surnomme, « le Billy Eliott de l’opéra », c’est donc une distribution de rêve dans une nouvelle production signée Alvis Hermanis. Mise en scène délicate quand on sait que l’action se déroule au total dans une douzaine de lieux différents, sans interludes ou transitions nous permettant, scéniquement parlant, de passer de l’un à l’autre.
Jonas Kaufmann
C’est sans ouverture ni autre préambule que l’œuvre débute. Voici Faust seul, dans les plaines de Hongrie, au petit jour, célébrant les beautés de la nature printanière. « Le vieil hiver a fait place au printemps. » Il observe ensuite la joyeuse ronde des paysans chantant un chœur « Les bergers laissent leurs troupeaux »……
Bryn Terfel
Sur la fin de l’œuvre, cri d’horreur de Faust et cri de triomphe de son vainqueur, la terre s’ouvre sous leurs pas. Le Pandaemonium se déchaîne, entièrement en langue inventée dite infernale, à l’exception du bref dialogue au cours duquel Mephisto confirme aux Princes des ténèbres (douze contrebasses à l’unisson) le succès de sa mission. A ce charivari infernal succède le bref Epilogue sur la terre, simple récit, toujours des basses à l’unisson, assurant l’enchaînement avec la scène XX et dernière. Dans le ciel : c’est l’apothéose de Marguerite, victime innocente, pardonnée pour avoir beaucoup aimé, et invitée à se fondre parmi ses sœurs célestes. Tout à la fin, un chœur d’enfants vient encore rehausser de sa présence, cette douce et sereine péroraison, qui termine l’œuvre en pleine lumière. « Viens ! les vierges divines… »
Sophie Koch
On notera l’importance des chœurs dans cet oratorio. Ils interviennent sur environ un tiers de la durée totale de la partition. Ainsi, le succès de l’œuvre ne se limite pas à la valeur de la distribution vocale pour les trois principaux chanteurs. Les chœurs et l’orchestre y prennent toute leur part. La partition d’orchestre de la Damnation parut en 1854. Elle était dédiée à Liszt. Plus tard, Liszt dédiera à Berlioz sa Faust-Symphonie. Ces deux musiciens romantiques inscrivaient ainsi, sur deux de leurs chefs-d’œuvre, un témoignage d’une féconde amitié qui avaient commencé dans les fiévreux enthousiasmes de 1830.
La création toulousaine en version concert date de 1885-86, et en version scénique en 1907-08 pour quinze !!!! représentations, une de moins que La Walkyrie qui entrait alors au répertoire avec seize représentations. Autre époque. Quant à la dernière au Théâtre du Capitole, elle remonterait à …1976-77, Michel Plasson au pupitre.
Michel Grialou
Du 5 au 29 décembre, à l’Opéra Bastille.
Retransmis en direct le jeudi 17 décembre 2015 à 19h15 dans les salles UGC / Viva l’Opéra
Jérôme Robbins / Benjamin Millepied / George Balanchine (UGC Viva l’opéra- FRA Cinéma)
Opéra de Paris saison 15/16 en direct au cinéma