D’aucuns se souviennent de ce concert le soir du jeudi 30 octobre 2003 ! mais oui, il y a douze ans, jour pour jour !! quand un jeune chef a pris possession pour la première fois de l’Orchestre du Capitole et ce, pour diriger les suites n°1 et n°2 d’un certain Romeo et Juliette du compositeur russe, interprétation qui nous avait très favorablement interpellé, tout autant que les musiciens. C’était en pleine quête d’un successeur à Michel Plasson, et le jeune chef était, bien sûr, Tugan Sokhiev.
On connaît la suite. Et là, ce vendredi 30 octobre, douze ans plus tard donc, c’est à nouveau Prokofiev, et, pour ma part, et pas mal d’autres auditeurs, un nouveau choc avec la Symphonie n°5 dirigé par un nouveau venu à la baguette, Lahav Shani. Le jeune homme a, déjà à 26 ans, un très beau palmarès et a conquis d’abord les salles, mais en tant que pianiste. Il est aussi contrebassiste !! Commenter par le menu sa direction, tous mouvements confondus de l’œuvre en question, sans partition, c’est un exercice trop délicat, et périlleux pour moi, mais l’ensemble était tellement convaincant qu’on ne pouvait que manifester notre enthousiasme. Tous les pupitres se sont déchaînés, ce qui ne nous empêchait pas de tout suivre, même le piano dans son coin. Décidément, Prokofiev nous réussit ! Et même mieux, Romeo et Juliette, puisque dans le second mouvement, Allegro marcato, on note un passage qui est en relation directe avec la suite symphonique en question. Avouez que cela fait pas mal de coïncidences. Monsieur le Délégué Général de l’Orchestre en est-il l’instigateur ?
Bravo encore pour le concerto pour piano de Robert Schumann interprété par Philippe Bianconi. On a eu droit à un son extraordinaire du piano sous les doigts attentionnés pour chaque note, chaque note du concerto entendue tellement le chef semblait lui-même jouer de l’instrument soliste, s’attachant à ce que pas un seul passage ne soit couvert. Le fait d’être pianiste ne doit pas y être pour rien. Une osmose parfaite entre chef, musiciens et soliste, et un très grand concerto. Et un petit bijou de bis avec la Romance de Schumann toujours.
On passe sur l’Ouverture de Guerre et paix qui était là sûrement pour faire rentrer les retardataires, ou chauffer les instruments, et je préfère dire quelques mots sur un soliste qui fut dans ce concert à la fête, c’est la clarinette solo, David Minetti, qui se signala par un sans faute admirable, mais on a envie de dire, comme à l’accoutumée.
J’en profite pour revenir sur une très grande Symphonie n°7 d’Anton Bruckner dirigée par un de nos chefs préférés à la Halle surtout dans ce répertoire, j’ai bien nommé Joseph Swensen. C’était le vendredi 23 octobre. Un magnifique moment, tous mouvements confondus, qui nous a vite fait oublier le Mendelssohn dans lequel le violon d’Itamar Zorman ne nous a guère convaincu, ni enthousiasmé, et pourtant, un violoniste couvert de récompenses et d’éloges. Un mauvais jour, sûrement.
Michel Grialou
Orchestre National du Capitole