Le musée des Augustins de Toulouse a récemment présenté à la presse l’une de ses plus belles acquisitions depuis ces dix dernières années, un tableau d’un des principaux acteurs du caravagisme français : Nicolas Tournier.
Après avoir organisé en 2001 la première exposition monographique consacrée à ce peintre, le musée des Augustins et son directeur Axel Hémery (également auteur d’une monographie de l’artiste) peuvent désormais, avec cette acquisition majeure, être indubitablement considérés comme la référence incontournable pour l’étude du caravagesque Nicolas Tournier.
Avec ce Saint Pierre, septième œuvre du peintre à rentrer dans les collections des Augustins, le musée des beaux-arts de Toulouse renforce effectivement ainsi l’un de ses points forts.
Preuve s’il en est de la reconnaissance de cette réputation : la veuve du précédent propriétaire, le célèbre historien de l’art spécialiste du caravagisme Maurizio Marini, a souhaité que ce soit le musée des Augustins en particulier qui puisse acquérir cette œuvre.
L’achat de ce tableau par la Ville de Toulouse a bénéficié d’une participation financière du FRAM Midi-Pyrénées (Fonds Régional d’Acquisition des Musées) à hauteur de 46%, et vient enrichir la belle séquence caravagesque à admirer au musée, parmi les œuvres de Valentin de Boulogne, Stomer, Guy François et Janssens.
Ce tableau inédit (fait plutôt rare dans cette période artistique pourtant très étudiée), est daté aux alentours de 1625, période romaine de la maturité de Tournier, et représente le saint à mi-corps, comme fréquemment dans la peinture caravagesque.
La composition est sobre, empreinte de solennité ; la facture solide, avec ces mains noueuses et ce drapé sculptural, caractéristiques de l’art du peintre.
Les formes géométriques de ce drapé ne sont pas sans rappeler Ribera, qui a dû, selon le musée, influencer la production romaine de Tournier.
La radiographie a, par ailleurs, révélé un repentir de ce manteau, résultant du procédé typique des caravagesques qui ne dessinaient pas mais peignaient directement sur la toile.
Dans son cadre doré typique du XVIIe siècle romain, le vieillard aux rides profondes, dont le regard nous interpelle gravement, rappelle d’autres sujets de Tournier : le modèle a non seulement posé pour ce saint Pierre mais aussi pour d’autres tableaux de l’artiste, notamment le Sinite parvulos de la Galleria Corsini à Rome.
Un chef-d’œuvre à aller admirer au plus vite dans les salons de peinture du musée (parmi d’autres récentes acquisitions : Portrait du chevalier d’Astier de Bernard Lange, Académie de femme d’Amélie Beaury-Saurel, Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles en salle gothique et Mercure d’après Giambologna dans l’église) !
Mariette Escalier
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