En cheminant rue Valade, de Saint-Pierre des Chartreux vers Saint-Sernin dont les vitraux ne sont pas le plus remarquables, nous sommes arrêtés par une étonnante installation de verrières au niveau du parc de l’Université de Toulouse 1 Capitole.
De grandes photographies rutilantes, impeccablement tirées et montées sur dibon (pour sacrifier au jargon artistique en vogue) ceignent les murs ingrats et grisâtres d’un algeco monumental : quasi huit cents places selon le gardien de ce nouvel amphithéâtre, histoire de donner l’idée de la dimension linéaire d’une telle cimaise. Mais qui a donc osé l’occuper de formats si variés : rectangles surmontés d’arcs plein cintre, carrés et carrés sur pointe, tondo qui constituent autant d’échappées dans le mur opaque d’une architecture provisoire de chantier.
Commande de l’Université à Axel Arno affiche fièrement l’institution – et l’artiste.
Quelle belle et bonne idée que de lier ainsi la rue, l’espace public et celui plus réservé de l’Université. Heureux étudiants qui, à l’entrée et à la sortie d’un cours sans doute aussi austère et fonctionnel que les tristes parois de l’impressionnant algeco, se trouvent affrontés à la dynamique d’images somptueuses, virtuelles fenêtres ouvertes sur les éclats éblouissants des lumières de la ville aux couleurs flamboyantes d’une nuit de soleil. Des images presque immatérielles, vibrantes, mouvantes, floutées, fugaces, enfermées, mais débordant les cadres d’une résille géométrique noire qui oriente la distribution de motifs fragmentés. Elle n’est pas sans évoquer les plombs, barlotières et remplages qui arment les vitraux de nos cathédrales gothiques. Autant de fenêtres dans la fenêtre ouverte par la photographie qui se substitue en quelque sorte au carton du verrier antique, sans perspective illusionniste cependant, au profit d’une véritable implosion des formes et des couleurs – dans la maîtrise et la rigueur. Mondrian n’est pas loin si l’on s’accorde à lire ses toiles en termes d’architecture.
De fait, chacune de ces photographies et plus encore l’ensemble, conjugue le paradoxe d’allier abstraction géométrique, expressionnisme, symbolisme et figuration plus ou moins réaliste des jeux de lumière.
Un telle installation porte bien sûr au lyrisme tant elle égaye la rue et les confins du parc universitaire.
Explosante fixe.
Michel Marien
PS – A voir aussi, du même Axel Arno, l’exposition « Lux fugit », Galerie Ingres, Canopé Académie de Toulouse jusqu’au 6 novembre 2015.
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