L’idée est originale. On souscrit bien pour une peinture, une sculpture, un manuscrit, et pourquoi pas pour un animal, non pas empaillé comme on l’entend encore mais naturalisé. Ce mâle de girafe d’Afrique du Sud est arrivé à Toulouse venant tout droit de… Belgique, grâce à l’initiative des responsables du Museum, conduits par son directeur, Francis Duranthon, mais aussi de Brian Aiello, patron du labo de taxidermie, qui va se charger de mettre en état l’échantillon, si je puis dire.
Photo de l’échantillon. Et maintenant, au travail ! Quant à vous, à vos poches !
Ainsi, Twiga, ce spécimen remarquable de girafe africaine, va-t-il pouvoir bientôt se faire admirer, et remplacer petit à petit, la première girafe admise au Museum, qui trône, à l’heure actuelle, dans la bibliothèque Emile Cartailhac. Première girafe exposée au public depuis 150 ans, en 1865, ayant pris part alors à la collection de la salle des Mammifères.
Détail de la peau de la girafe de la biblio, naturalisée depuis 1865 !! les atteintes du temps !
Vue de près, on reconnaîtra qu’elle est un brin fatiguée, et que l’arrivée de Twiga est une bonne chose pour le musée, comme pour le public. Les spécialistes reconnaissent que l’échantillon récupéré est dans un état tout à fait correct, et on précise tout de suite que de l’animal si prisé des zoos, il ne reste que la peau avec un maximum de poils, et …les sabots !! pas d’os, pas de dents, pas d’œil, le ventre est vide aussi ! mais, n’oublions pas : le Muséum d’histoire naturelle a son histoire inséparable de celle de la girafe, ce curieux mammifère qui était originaire d’Abyssinie, “trimballé“ au gré des pérégrinations de son montreur d’animaux et arrivée à Toulouse en 1843, morte dans notre bonne ville, et destinée à la science avant de terminer son parcours entre les mains du taxidermiste d’alors Mr Philippe Lacomme.
La girafe est un ongulé à deux doigts par main ou pied. Rien à voir avec l’état des sabots de sa consœur plus âgée.
Les grincheux doivent savoir que, non, le spécimen n’a pas été abattu pour remplir un espace dans tel ou tel musée. D’autre part, ils doivent savoir aussi que le nombre total de girafes en liberté totale est loin de faire en augmentant. On dit même que certaines espèces protégées ne devront leur salut qu’à l’existence de ces zoos. Mais, au lieu de geindre, il vaudra mieux choisir de devenir membre actif de ce mécénat participatif au service de la science et du patrimoine, action qui se déroule du 14 septembre au 27 novembre 2015. La girafe va faire partie intégrante du patrimoine. Les dons récoltés serviront à l’achat du matériel, à la préparation du mannequin, à certains frais de taxidermie, et aux frais de montage en public.
Twiga, Brian Aiello, Francis Duranthon et Pierre Esplugas, élu responsable des Musées
Ainsi, pourrez-vous vous enorgueillir d’avoir participé à une opération de « crowdfunding » si l’expression en anglais sonne mieux à vos oreilles !!
La taxidermie est une spécialité manuelle qui a beaucoup évolue et continue de le faire. Le travail en question pourra d’ailleurs être suivi en direct par une partie du public, une première en France, afin qu’il se rende compte de visu en quoi consistent les différentes étapes, et qu’il ne suffit pas de coudre la peau sur un quelconque support pour obtenir un animal naturalisé. Cette initiative de la part des membres de l’équipe est toute à leur honneur, et à valeur pédagogique évidente.
Michel Grialou
Muséum d’histoire naturelle de Toulouse