Le problème angoissant des locaux pour une bibliothèque digne de ce nom ne recevra de véritable solution qu’en 1935, avec la construction de l’édifice dont on peut gravir actuellement le majestueux perron.
Les discours prononcés lors de l’inauguration des nouveaux bâtiments rendent bien compte de l’importance de ce progrès. Se référant à la situation antérieure, l’inspecteur général Pol Neveux évoquait les trésors bibliographiques encore reclus dans leur triste geôle de l’hôtel de Bernuy…, le poussiéreux local si indigne de Toulouse où ces richesses étaient exposées à tous les risques de destruction, tandis que le conservateur en chef, François Galabert, s’écriait dans une belle envolée oratoire : « Nous avions demandé une usine, on nous donne un palais ; après notre interminable séjour dans l’enfer de la rue Lakanal, nous méritions bien le paradis de la rue de Périgord. »
L’inspecteur général n’était pas pour autant un admirateur inconditionnel du travail de l’architecte en chef de la ville, et responsable du projet, Jean Montariol. Certains éléments architecturaux étaient beaucoup trop clinquants à ses yeux et donc fort éloignés du devenir du bâtiment lui-même. Que diable, qui dit bibliothèque, dit austérité, ascétisme même. « Ce n’est pas une bibliothèque, mais un casino ! » se serait-il écrié.
1 rue Lakanal – Toulouse
On a peine à croire que les locaux précédents de la bibliothèque de la ville pouvaient en effet faire partie de l’Hôtel de Bernuy. Petit retour en arrière afin de mieux se rendre compte de l’avant, et de l’après !! L’entrée se faisait au niveau du 1, rue Lakanal, ancienne rue du Lycée, et une autre partie de cet hôtel était dévolu alors à la faculté des Sciences qui devait déménager en 1892 vers les allées Jules Guesde. Le jardin que vous pouvez voir encore, avec son Gingko Biloba particulièrement odorant à l’automne, était le Jardin de Monsieur le Doyen, angle de la rue Lakanal et rue Gambetta, ou plutôt, angle rue du Lycée et rue des Balances. Cette faculté est l’héritière de la chaire de physique créée dans le Collège royal (1763), grâce à l’archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne, futur ministre de Louis XVI. C’est ce même de Brienne qui va développer la bibliothèque du collège et qui va l’ouvrir au public en 1786. Elle est donc l’ancêtre de la bibliothèque municipale et apparaît ainsi sur les plans de l’époque.
Ancienne salle
La photo jointe à l’article était la grande salle de lecture devenue par la suite, après le déménagement rue du Périgord, la salle des professeurs du Lycée avant de revenir, bibliothèque du lycée et du collège, puis du collège après la partition. C’est une très belle salle en long mais qui, évidemment, n’a rien à voir avec la magnifique salle de la rue du Périgord. Cette dernière fait 1000 m2 pour une hauteur en moyenne de 14 m. Réalisée d’un seul tenant sans aucun pilier grâce aux prouesses nouvelles du béton armé, elle est baignée de lumière naturelle par ses fenêtres agrémentées de couronnes de laurier.
La coupole, impressionnante, est ornée de cabochons de verre bleus et rouges. Des travaux conséquents de rénovation ont été entrepris à l’aube de ce nouveau millénaire. On ne pourra taire qu’ils étaient particulièrement nécessaires et, bienvenus.
Deux statues vous accueillent à l’entrée, l’une entièrement nue, l’autre avec un cache-sexe, les deux dans un style qui fait fortement penser à un certain Aristide Maillol.
Edouard Bouillière conçoit les dessins du tableau et du vitrail pendant que Marc Saint-Saëns réalise une somptueuse fresque en triptyque intitulé Le parnasse occitan.
Je ne peux que vous convier à lire mon article qui s’intitule exposition-hommage au château de Laréole sur Marc Saint-Saëns dans lequel je cite ce travail, entre autres.
On prendra un peu de son temps pour s’attarder sur la frise de Sylvestre Clerc qui court tout au long de la façade.
Sachez que le fonds de Collections de presse est très important de même qu’un fonds appelé Molière, legs d’un ancien bibliothécaire de la ville qui avait consacré tout son temps au sieur Molière réunissant tout ce qu’il pouvait trouver concernant l’auteur, et l’acteur.
N’oubliez pas de vous renseigner sur Rosalis, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque de Toulouse. Il y a aussi des rendez-vous réguliers organisés ainsi que des Ateliers, des expositions temporaires à venir.
Il y aura même un DJ SET, dimanche 20 septembre de 16h30 à 18h ! Qu’on se le dise ! pas trop fort car il n’y aura pas de la place pour tout le monde..
Michel Grialou
Bibliothèque d’étude et du patrimoine
80 ans – 18/19/20 septembre