Pour compléter l’article que vous avez consulté de notre ami Jérôme Gac, et sans faire doublon, quelques “infos“ supplémentaires sur le spectacle qui vous attend, “infos“ nécessaires afin que vous soyez un peu préparé au choc qui vous attend !!
Massacre est donc un opéra contemporain du XXIème siècle, pour cinq chanteurs, une danseuse, un ensemble multimédia et électronique en temps réel. Sachez que les protagonistes sont filmés sur scène en temps réel et que les gros plans de leurs visages sont projetés sur sept petits écrans. Le vidéaste est juché sur un tabouret qui se déplace sur un rail sur toute la largeur de l’avant-scène. Silencieux, ses déplacements sont en outre à peine visibles, car l’ensemble du plateau est plongé dans un noir profond, d’où les protagonistes émergent, seuls ou en groupe, grâce aux jeux subtils de quelques lumières.
Quel en est l’effectif plus détaillé?
Les solistes pour les chanteurs-acteurs : 2 soprano solo [la duchesse de Guise, le roi de Navarre (non, ce n’est pas une erreur],
1 mezzo-soprano solo [la reine de Navarre]
1 contre-ténor solo [Henri III]
1 baryton solo [le Duc de Guise]
1 danseuse
Instruments : 1 clarinette, 1 cor, 1 trombone, 1 percussionniste, 1 clavecin (aussi 1 clavier électronique/MIDI/synthétiseur), 1 piano, 1 violon, 1 alto, 1 contrebasse
La terrible nuit de la Saint-Barthélemy sert de cadre à cet opéra de Wolfgang Mitterer, figure emblématique de la scène musicale viennoise, compositeur-organiste prolixe, toujours en quête d’expériences limites. Virtuose des claviers et des dispositifs électroniques en tous genres, Wolfgang Mitterer élabore un style marqué par l’expérimentation, l’inattendu et les rencontres sonores surprenantes : bruits de scierie et d’orgue d’église, milliers de choristes et orchestres d’harmonie, D.J., pompiers et pelleteuses… Riche de plus de deux cents compositions, son catalogue comprend aussi bien des œuvres électroacoustiques et des installations sonores que des opéras et des pièces pour orgue, ensemble ou orchestre.
Il revisite ici une tragédie élisabéthaine de Christopher Marlowe, un exact contemporain de Shakespeare, en bâtissant une œuvre d’une modernité totale. On est loin de Monteverdi, et Rameau, et Gluck, Mozart, Verdi, Wagner, en un mot on est loin de tout compositeur d’opéras que vous pouvez fréquenter ! Le dépaysement va être total. Plus qu’une évocation des guerres de religions, Massacre dénonce toutes les guerres et les luttes de pouvoir.
L’action, divisée en dix-huit brèves sections, consiste davantage en une série de tableaux marquants qu’en une description raisonnée de ces heures sombres de l’Histoire de France. Cet explorateur du son iconoclaste associe l’improvisation à une partition instrumentale surprenante et à un gigantesque collage électronique. : « neuf musiciens, des sons électroniques et des influences très variées pour des bribes de citations, de brusques éclats, un discours pulvérisé, des mouches et moteurs spatialisés, un clavecin très sixties… »
La violence qui ne pouvait que caractériser ce fameux Massacre, vous la retrouverez dans l’écriture du chant, et des cris, comme dans la partition instrumentale, comme dans les tableaux proposés dans la mise en scène. Par exemple, sur le rôle de la danseuse : « La première décision fut de créer un personnage en plus, qui ne figurait pas dans le livret. L’idée m’est venue de proposer à une danseuse, Stéfany Ganachaud, d’être sur la scène aux côtés des chanteurs, pour donner le contrepoint intime à l’histoire politique, à la fureur… Elle est la figure qui incarne l’exode, la terreur subie, l’individu pourchassé, le corps supplicié, elle représente le peuple. » Propos de Ludovic Lagarde, metteur en scène.
Vous aurez deviné que le spectacle est fort, très fort.
Michel Grialou
Massacre – Mitterer
Peter Rundel (direction musicale)
Ludovic Lagarde (mise en scène)
Théâtre du Capitole
du dimanche 12 au vendredi 17 avril 2015
Réservation en ligne
Spectacle présenté dans le cadre du cycle Présences vocales par le collectif éOle, Odyssud, le Théâtre du Capitole et le théâtre Garonne
.