À Toulouse, Valery Gergiev dirige son Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg dans un programme russe à la Halle aux Grains, avec la soprano Anastasia Kalagina et le jeune violoncelliste Edgar Moreau.
Chef Principal de l’Orchestre symphonique de Londres, Valery Gergiev (photo) est l’un des chefs les plus reconnus dans le monde pour ses qualités artistiques. Il est, selon le mensuel Classica, «le maestro le plus demandé», le Times parlant de lui comme de «la personne la plus puissante de la musique classique» et le qualifiant de chef d’orchestre «le plus omniprésent et le plus politique de la planète». Né en 1953 à Moscou, dans une famille d’origine ossète, il a débuté sa carrière au Théâtre Kirov, devenu le Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg dont il est devenu le directeur artistique.
Nommé à l’âge de 35 ans à la tête de l’Orchestre du Mariinski, son projet a permis à cette formation, héritière d’une tradition musicale unique, de se hisser au niveau des plus grandes phalanges internationales. Il a aussi contribué à faire connaître des artistes comme Anna Netrebko ou Olga Borodina. Doté d’un magnétisme foudroyant et d’une énergie fulgurante, il est capable de porter son orchestre vers des sommets d’émotions. Ainsi, la Cinquième symphonie de Gustav Mahler, qu’il dirigea à Toulouse en 2012, fut un moment d’intensité musicale inouïe.
En juin dernier, Valery Gergiev racontait au mensuel Classica : «Contrairement à une légende qui voudrait que je travaille 365 jours par an, il m’arrive de prendre des vacances en famille. J’ai des loisirs : j’aime la marche en montagne, la natation et le sauna, par exemple. Est-ce mauvais pour la musique ? Non, au contraire. Peut-être que tout cela m’aide. Car j’en reviens toujours à la musique. Je ne décroche jamais vraiment. Même lorsque je suis en vacances, il y a toujours des choses à régler. La musique est ma vie».
«Les défis que j’ai eu à affronter il y a longtemps sont devenus pour moi comme un moteur qui tourne toujours plus vite. Si le rythme ralentit, si je sens en moi moins d’excitation qu’il y a vingt ans, alors je recréé ce rythme, cette vitesse. Il y a aussi l’émulation des autres interprètes. Quand vous enregistrez une symphonie de Mahler, vous savez que la lutte est sévère. Il en existe cinquante enregistrements et vous devez rivaliser avec des morts, ce qui est toujours très difficile. Le défi est permanent», constate le chef.
Toujours très attendu à Toulouse, Valery Gergiev est de nouveau accueilli dans la saison des Grands Interprètes avec l’Orchestre du Théâtre Mariinski pour un programme exclusivement russe. Il débutera par « les Enfantines », cycle de mélodies de Modeste Moussorgski interprété par Anastasia Kalagina, dans l’orchestration de Rodion Shchedrin. La soprano russe est bien connue des mélomanes toulousains qui l’ont notamment appréciée au Théâtre du Capitole dans « les Fiançailles au couvent », de Prokofiev – production reprise en mai prochain, sous la direction de Tugan Sokhiev.
De Moussorgski, on entendra également les fameux « Tableaux d’une exposition ». Cette pièce pour piano a été conçue en 1874, comme un hommage, peu après la mort prématurée de Viktor Hartmann, peintre et ami du compositeur. Maintes fois réorchestrée, l’œuvre sera donnée dans la célébrissime version de Maurice Ravel.
Ce concert est d’autant plus attendu qu’il accueillera Edgar Moreau (photo) pour sa troisième visite à la Halle aux Grains. Le violoncelliste y a en effet déjà interprété les deux concertos de Dimitri Chostakovitch : il a fait ses débuts la saison dernière avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, sous la direction de Tugan Sokhiev, après une première performance dans la Ville rose en 2013, avec Valery Gergiev et l’Orchestre du Mariinski. Né à Paris en 1994, Edgar Moreau fut lauréat à 17 ans du Concours international Tchaïkovski, compétition présidée par Valery Gergiev.
Le jeune violoncelliste interprètera cette fois les virtuoses « Variations sur un thème Rococo » de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Nourrie de l’attachement du compositeur pour le répertoire classique, en particulier pour la musique de Mozart, cette partition débute par un thème principal suivi de sept variations exécutées sans interruption. Achevées en 1877, les « Variations sur un thème Rococo », dont l’exécution dure une vingtaine de minutes, furent également arrangées pour piano et violoncelle par le compositeur. Il considérait cette page comme l’une des plus réussies de toute son œuvre.
Jérôme Gac
« Les Enfantines » par A. Kalagina (soprano) et « Les Tableaux d’une exposition » de Moussorgski,
« Variations sur un thème rococo » de Tchaïkovski par E. Moreau (violoncelle),
lundi 23 mars, 20h00, à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse. Tél. 05 61 21 09 00.
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photo: V. Gergiev © Marco Borggreve