L’Arabe du Futur n’est pas qu’une bande dessinée, c’est un album de photos souvenir comme ceux que l’on retrouve parfois à l’occasion d’un grand ménage de printemps ou que l’on ressort sous l’influence d’une armada de gamins qui veulent en savoir plus sur « La Famille ».
Alors, on s’installe confortablement, et au fil des images, on s’oublie et on se laisse porter.
Apparaissent alors, des odeurs, des bruits, voir même des sensations qui nous ramènent en arrière au milieu de ce qui fut notre enfance.
Sauf qu’ici, le visiteur c’est nous, lecteurs, gentiment reçus par Riad Sattouf. Il nous invite chez lui, dans son passé, dans cette enfance vécue entre la France et le Moyen-Orient des années 70-80.
Issu des amours d’une mère bretonne dont il a hérité sa crinière blonde et d’un père syrien aux origines modestes et rurales, Docteur en histoire contemporaine à la Sorbonne qui croit dur comme fer en l’élévation des arabes par l’éducation contre le dogme religieux.
Pourtant, Riad Sattouf nous livre tout cela avec ses yeux d’enfant… L’enfant qu’il était alors, âgé de 2 ans, sans préjugé, ni esprit trop critique.
Le tout traduit au travers de dessins simples et ronds, aux couleurs monochromes comme pour ne pas nous agresser, ne pas nous lasser, afin que l’on arrive au bout de son histoire.
Certains y chercheront peut-être une critique des politiques arabes de l’époque, ou une explication aux événements plus récents qui nous ont touchés dans notre chair (Riad Sattouf a travaillé chez Charlie Hebdo).
Sincèrement, pourquoi ne pas plutôt feuilleter cet album et vous laisser partir vers vos propres souvenirs qu’ils soient bons ou mauvais puisqu’ils sont ce qui vous a fait tel que vous êtes.
Et comme je le suppose, ont façonné Riad Sattouf.
Riad Sattouf, touche à tout génial, à la fois réalisateur, scénariste, acteur de cinéma, auteur et dessinateur de bande dessinée.
Multi primé :
César du meilleur premier film pour Les Beaux Gosses,
Prix Goscinny en 2003 avec les pauvres aventures de Jeremy,
Prix Jacques Lob en 2007 avec Pascal Brutal, tome 2,
Globe de cristal de la meilleure bd pour La vie secrète des jeunes en 2008…
Et enfin Fauve d’or au dernier festival d’Angoulême pour L’Arabe de Futur.
Difficile de faire mieux et pourtant, il reste quelqu’un d’abordable qui sait s’intéresser aux autres quels qu’ils soient, black, blanc ou beur tous l’interpellent. Surtout les jeunes.
Alors j’attends avec impatience la suite de l’autobiographie de cet homme, qui prétend ne se sentir appartenir à aucun peuple.
Et pour conclure, je reprendrai cette sentence de Salman Rushdie qu’il affectionne particulièrement : « Un homme n’a pas de racines, il a des pieds. »
Faisons donc un bout de chemin ensemble…
Juan Bub
L’Arabe du futur – Allary Editions