« L’affaire SK1 », un film de Frédéric Tellier
Retenez bien le nom de ce réalisateur car il serait étonnant de ne pas le retrouver prochainement à l’affiche. Dans tous les cas, ce qu’il nous propose pour son premier long métrage est à couper le souffle. Le sujet, il est vrai, était plus que porteur. Souvenez-vous. Début des années 90 du siècle dernier. L’Est parisien est en proie à une psychose sans nom. C’est dans cette banlieue que sévit un tueur en série. Viols et assassinats sanglants et horribles se succèdent sans que la police ne puisse avoir la moindre piste. C’est alors qu’est nommé au célèbre 36 quai des orfèvres, le jeune inspecteur Franck Magne, dit Charlie. Dans la pile des dossiers qui lui est confiée, il y a cette affaire. Elle va devenir son obsession pendant plusieurs années, quitte à le déstabiliser psychiquement. Elle aboutira à l’arrestation de Guy George. C’est cette traque que nous livre Frédéric Tellier, après 6 ans de compilations de documents auprès des acteurs de cette affaire, autant l’inspecteur, que l’avocate du criminel et même les familles de victimes, sans oublier la seule jeune femme parvenue à lui échapper. Il faudra ensuite 3 ans pour l’écriture du scénario. Le résultat est un film parfaitement abouti. Mais le danger était un docu-fiction. Ici il n’en est rien et là réside une partie du talent de ce réalisateur : la distance qu’il prend par rapport à l’évènement pour scruter au plus près les impacts psychologiques chez les acteurs de cette tragédie, policiers et avocats inclus. Pas question pour Frédéric Tellier de juger qui que ce soit. Loin des clichés qui encombrent traditionnellement ce genre de scénario, il nous fait entrer dans une véritable empathie avec tous et toutes. Y compris Guy George. Il faut dire que ce dernier est littéralement incarné par un comédien peu connu : Adama Niane, fascinant et stupéfiant de forces vibratoires. Cela dit, le casting est plutôt 5 étoiles : Nathalie Baye, Olivier Gourmet, Michel Vuillermoz et celui qui porte un peu le film tout de même : Raphaël Personnaz (Charlie). Une enquête au 36 comme vous ne l’avez jamais vue !
Robert Pénavayre