À la Halle aux Grains, le pianiste Nicholas Angelich joue Liszt avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Placée sous la direction du Danois Thomas Søndergård, la phalange toulousaine interprètera ensuite la Deuxième symphonie de Schumann.
Pianiste américain né en 1970, Nicholas Angelich (photo) est installé depuis l’âge de 13 ans à Paris où il a étudié le piano au Conservatoire national supérieur de Musique auprès d’Aldo Ciccolini, Yvonne Loriod et Michel Béroff. Il est un fidèle compagnon de route de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse avec lequel il réalise des miracles aux côtés de Tugan Sokhiev, à la Halle aux Grains mais aussi en tournée. Il est l’invité surprise du premier concert de l’année à la Halle aux Grains, en remplacement de la jeune pianiste allemande Alice Sara Ott, souffrante, qui devait interpréter le Deuxième concerto de Franz Liszt. Créé en 1857 à Weimar, ville où le compositeur s’était installé huit ans plus tôt, l’œuvre avait été ébauchée dès 1839, puis révisée à plusieurs reprises. Pianiste virtuose, Liszt a signé deux concertos pour piano, chacun ayant été édité après vingt années de gestation.
Le Premier concerto portait déjà les prémices d’une liberté d’écriture qui s’épanouit dans le second. Comme sa Sonate pour piano en si mineur, le Deuxième concerto s’élance d’un seul tenant, s’émancipant ainsi des conventions classiques du genre en brisant le découpage en plusieurs mouvements. Cette audace formelle se moule dans une narration ininterrompue, à la manière d’un poème symphonique. Deux thèmes s’y déploient, développant un va-et-vient entre un caractère rêveur et une expression véhémente voire épique. Le pianiste devient aussi accompagnateur et partenaire de plusieurs instruments de l’orchestre traités en solistes. L’œuvre exige de lui une virtuosité à la fois redoutable et lumineuse, mais également une profonde sensibilité.
Chef principal de l’Orchestre national de la BBC du Pays de Galles et chef principal invité de l’Orchestre royal national d’Écosse, Thomas Søndergård est également très attaché à l’Orchestre national du Capitole de Toulouse qu’il retrouve chaque saison à la Halle aux Grains. Deux concerts lui ont été confiés cette année, puisqu’il clôturera la saison de la phalange toulousaine avec l’Écossaise Nicola Benedetti dans le Concerto pour violon de Korngold. Il dirige également ce premier concert de l’année qui met au programme un chef-d’œuvre du romantisme allemand : la Deuxième symphonie de Robert Schumann.
Créée en 1846, elle fit l’objet d’une querelle entre partisans et détracteurs, comme les autres symphonies du compositeur : froidement accueillie lors de la première exécution par l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, sous la direction de Felix Mendelssohn, elle fut triomphalement applaudie deux semaines plus tard ! Ouvrage préféré de Brahms et Tchaïkovski, elle est une somptueuse page du romantisme par la richesse de ses idées, la diversité de ses climats et la singularité de son organisation. Sommet expressif de l’œuvre, le mouvement lent révèle l’état de santé fragile de Schumann qui, durant deux années, a dû lutter contre une terrible crise dépressive : «J’ai écrit la symphonie en décembre 1845, encore à moitié malade. Il me semble que cela doit s’entendre. Ce n’est que dans le dernier mouvement que je me suis senti de nouveau mieux», confiait-il a Georg Otten en 1849.
Jérôme Gac
Ouverture de « Genoveva » et Symphonie n° 2 de Schumann,
Concerto n° 2 de Liszt par N. Angelich (piano), sous la direction de T. Søndergård,
jeudi 8 janvier, 20h00, à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse. Tél. 05 61 63 13 13.
(1) Deutsche Grammophon
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photos :
N. Angelich © Marc Ribes
T. Søndergård © Chris Christodoulou / BBC