Un compromis très judicieux entre nouveaux venus et artistes fidèles à la structure va encore combler les amateurs nombreux partageant leurs goûts musicaux entre le symphonique, la musique de chambre, le chant, et ce, dans les styles les plus variés de la musique dite “classique“. Un compromis toujours bien délicat à mettre au point pour satisfaire les amateurs et maintenir viable la structure au fil des ans. Au nombre de quinze pour cette saison, ces rendez-vous incontournables font bien partie intégrante depuis plusieurs années de notre paysage musical. A vos agendas !!
Au départ, la réputation du cycle s’est bâtie sur la venue d’orchestres et de chefs réputés. La lignée reste infaillible avec le Budapest Festival Orchestra et son chef fondateur, Ivàn Fischer dans un concert consacré à ce monument de la symphonie qu’est la Turangalîlâ-Symphonie d’Olivier Messiaen, symphonie pour grand orchestre, piano et ondes Martenot. En spécialiste reconnu de la partie clavier, Roger Muraro sera au piano.
Autres icônes du Cycle, celui pour qui le crépuscule et l’aube ne font qu’un, l’immense et infatigable Valery Gergiev et son Orchestre du Théâtre Mariinsky dans un programme où, si l’on relève les fameux Tableaux d’une Exposition, on remarque deux raretés, Les Enfantines de Moussorgsky, œuvre chantée par Anastasia Kalagina et le Concerto pour orchestre n°1 “Plaisanteries espiègles“ de Rodion Shchedrin, œuvre de huit minutes dans la veine d’un Chostakovitch.
Chung est là aussi, et si ce n’est avec le National de Radio-France, c’est avec le Philharmonique. La N°5 de Gustav Mahler n’a pas de secrets pour eux pendant que Gil Shaham occupera la première partie avec une valeur sûre du répertoire des concertos pour violon, le N°1 de Max Bruch.
Trois artistes à découvrir dans un “sacré“ programme dirigé par Lionel Bringuier, jeune chef français ayant fait ses armes avec le LSO de Los Angeles et qui se déplace avec son nouvel orchestre qu’il vient juste de prendre en mains, le si réputé Tonhalle-Orchester de Zurich. Ce sera pour L’Oiseau de feu et La Valse mais surtout en première partie le Concerto pour piano n°3 de Rachmaninov sous les doigts incandescents de la jeune prodige chinoise – et ce ne sont pas là de vains mots – Yuja Wang.
Au bilan, côté orchestral, quatre dates, quatre événements.
On le sait, le public de la Halle ne peut pas se passer trop longtemps de l’archet du Guarneri del Gesú, sublime instrument qui ne quitte plus Renaud Capuçon. Et ce sera pour interpréter ce monument qu’est le Concerto pour violon et orchestre de Beethoven. On se doutait aussi que Robin Ticciati et son Scottish Chamber Orchestra reviendraient très vite après leur prestation très appréciée il y a deux saisons. En deuxième partie, ils défendront un autre monument, symphonique, “La Grande“ de Franz Schubert. Grande soirée en perspective.
Les récitals de piano ont toujours fait partie de la programmation. On vient pour les œuvres annoncées, ou pour les pianistes, ou pour les deux. D’ailleurs, pour les deux, on ne vous fera pas l’injure de vous les présenter. Commençons par Nelson Freire qui ne joue que dans le cadre de la Halle et dont on ne se lasse pas. On assiste au récital sans se préoccuper du contenu du programme. Ce sera Beethoven et Schumann, bien. Hélène Grimaud est de retour, et là, c’est un récital fleuve de Liszt à Albeniz en passant par trois compositeurs français, Ravel, Debussy et Fauré. Son public, inconditionnel, l’attend de pied ferme.
Pour les deux rendez-vous dédiés à la musique de chambre, dans l’un, on retrouve notre pianiste toulousain bien-aimé Bertrand Chamayou qui partage des œuvres pour piano et violoncelle avec Sol Gabetta, captivante artiste pleine d’autorité. Pour le second duo, c’est au violon que l’on retrouve une connaissance célèbre de l’archet Gidon Kremer qui ne dédaigne pas de s’associer dans Weinberg et Schubert avec une nouvelle “idôle“ du clavier, le tout jeune russe Danil Trifonov dont la prêtresse Martha Argerich a pu dire : « il a tout ce qu’il faut et même plus. »
La saison prochaine fait la part belle au chant avec cinq soirées qui lui sont entièrement consacrées, chant baroque avec deux concerts, plus deux soirées de chant avec chœurs dit classique et un récital de mélodies. Pour ce dernier, Nathalie Dessay et Laurent Naouri, unis dans la vie, seront unis sur scène pour nous offrir un bouquet de mélodies françaises en solo ou en duo. Des morceaux célèbres ou plus confidentiels de Fauré, Duparc, …accompagnés par le piano subtil et complice s’il en est de Maciej Pikulski.
Les contre-ténors jouissent en ce moment d’une cote impressionnante. Jamais, depuis cette dernière vingtaine d’années, il n’y a eu autant de manifestations musicales faisant appel à eux. Il nous semble presque revivre ces tempêtes d’autrefois quand les castrats étaient alors de vrais popstars, même si bien évidemment, les contre-ténors de maintenant ont leur timbre de voix qui ne relève pas des pratiques d’alors ! Et leur diversité est bien au rendez-vous comme pour le roumain Valer Sabadus, soprano, qui n’a pas craint d’affronter dans ce dernier enregistrement de l’œuvre de Leonardo Vinci, Artaserse, quatre autres contre-ténors tous différents et reconnaissables. Il partage ici l’affiche avec un autre contreténor mais alto, Maarten Engeltjes dans trois œuvres-phares de ce répertoire baroque dédié à Vivaldi, Hasse et Pergolèse dont le Stabat Mater sera chanté exceptionnellement par les deux voix réunies, et pour ma part, la première fois donc, par deux contreténors. Toute jeune formation de musiciens jouant sur instruments d’époque, l’ensemble Il Pomo d’Oro, les accompagne, dirigé par le violoniste Riccardo Minasi, un nouvel ensemble baroque qui monte, qui monte,…
Cecilia Bartoli a lancé la mode Steffani. Personne n’a oublié son récital-concert Mission. Le compositeur ainsi sorti de l’ombre se retrouve à l’affiche avec un de ses multiples opéras, Niobe, Regina di Tebe. Pour l’interpréter et le défendre, qui de mieux que, dans le rôle d’Anfione, Philippe Jaroussky, notre contreténor soprano phare ? Pour donner en concert cet opéra baroque d’Agostino Steffani de 1688, il faut une distribution au top. Elle est au rendez-vous avec la soprano canadienne Karina Gauvin qui sera Niobe. On note deux autres contreténors, Terry Wey et José Lemos. L’orchestre est le Boston Early Music Festival Orchestra, l’un des meilleurs ensembles instrumentaux baroques du monde.
Depuis le concert, la saison passée, partagé avec Philippe Jaroussky, la cantatrice et chef d’orchestre Nathalie Stutzmann et son ensemble Orfeo 55 ne nous ont pas quittés. Les voilà de retour pour un Messiah de Haendel. C’est le Chœur de Chambre de Namur qui complète la distribution des quatre solistes parmi lesquels on relève l’alto Sara Mingardo.
Tout comme Raphaël Pichon et son Ensemble Pygmalion qui, après nous avoir donné une très attachante Messe en si de Bach en décembre dernier, nous revient pour la Grande Messe en ut mineur de Mozart. Parmi les trois solistes on note la présence de la mezzo-soprano, Marianne Crebassa dont on dit le plus grand bien !!
Mise en bouche réjouissante avec l’ouverture de saison non pas à la Halle mais à l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines, et ce, grâce à ce groupe décoiffant mais ô combien douée des King Singers. De la musique avant tout, de l’esprit, beaucoup, un tonus toujours au rendez-vous. Ils vous le prouveront encore dans un programme concocté à partir de Songs from The Great American Songbook.
Cela fait au bilan quinze soirées qui ne pourront pas vous décevoir durant automne-hiver printemps à venir. Et que vous ne pouvez rater !
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Michel Grialou