Astrophysicienne de renom, Sylvie Vauclair excelle depuis toujours à diffuser les connaissances scientifiques les plus pointues auprès du grand public. Sans rien abandonner de la rigueur d’une discipline passionnante, elle sait trouver les mots qui éclairent les processus les plus complexes régissant notre univers. Son amour pour la musique complète harmonieusement sa soif de découverte. Après avoir publié notamment La Naissance des éléments et La Chanson du Soleil, voici son dernier témoignage associant la musique à la science.
L’astronomie a toujours intrigué et fasciné l’humanité. Dès l’antiquité, les observateurs du ciel ont établi des correspondances entre la voûte céleste et la musique. L’auteure brosse ici un tableau étonnant des croyances qui habitaient les observateurs de l’antiquité. Pour les anciens Grecs, l’espace était peuplé de sphères parfaites tournant autour de la Terre, centre de l’univers. Les grands philosophes affirmaient que « La Terre est fixe au centre du monde, et les sept « planètes », incluant la Lune et le Soleil, tournent autour d’elle. » Les idées pythagoriciennes (celles qui ont notamment créé notre gamme basée sur l’octave) ont fini par établir une relation symbolique entre la musique et l’astronomie. Relation justifiée par les théories mathématiques, donnant ainsi naissance à ce que l’on a appelé la « musique des sphères ».
Pour les savants de l’époque, le fonctionnement de l’espace et des astres devait obéir à la perfection des calculs.
Le développement de la science, démontrant la complexité de la réalité, a peu à peu démoli le bel édifice de ce raisonnement. Jusqu’à ce qu’on découvre que bon nombre d’étoiles, telles de gigantesques caisses de résonance, émettent des sons propres, à la manière des instruments de musique. Certes, la taille gigantesque de ces « instruments » ne leur permet d’émettre que des infrasons lointains. Astucieusement transposés de dix-huit octaves, ces sons sont aisément amenés dans la gamme des fréquences audibles par l’oreille humaine. Sylvie Vauclair a ainsi pu attribuer à une douzaine d’étoiles « résonnantes » des notes de musique, renouant ainsi, de manière cette fois strictement scientifique, avec cette « musique des sphères » de nos ancêtres de l’antiquité. Elle a ainsi établi que le Soleil résonne en sol (dièse il est vrai) ! Voici qui ne s’invente pas ! En outre, cette base musicale de douze sons est utilisée par le compositeur Claude-Samuel Levine comme outil d’écriture d’une partition que l’on peut découvrir sur le site : http://www.cslevine.com/etoiles/
On peut ainsi passer de la théorie astrophysique à la pratique musicale. La boucle est bouclée !
Voici donc un ouvrage étonnant qui ouvre de nouveaux horizons à l’harmonie entre l’art et la science.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse