L’ensemble Pygmalion et son fondateur, le jeune chef Raphaël Pichon entrent dans la cour des grands interprètes du monde de la musique baroque. C’est avec ce monument-somme que représente la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach que s’effectue leur première rencontre avec le public de la Halle, le lundi 16 décembre dans le cadre des concerts organisés par l’Association Les Grands Interprètes.
Etrange œuvre que cette partition monumentale dont l’universalité engendre des visions interprétatives incroyablement diverses, et dont l’unité rayonnante est la résultante miraculeusement équilibrée de fragments d’origines variées. Elle présente une structure du type de la Messe-Cantate napolitaine alternant, airs, duos et chœurs, avec une somptueuse participation concertante de l’orchestre. Messe catholique composée par un luthérien convaincu qui ne l’entendit jamais, elle subira des remaniements successifs, à commencer par ceux de son fils, Carl Philip Emanuel, jusqu’aux boursouflures du XIXè siècle. Mais tout cela n’entamera jamais la quintessence de « la plus grande musique jamais composée ».
Ils seront trente musiciens et trente choristes, cinq solistes et le chef tout disposés pour vous faire vibrer tout au long des vingt-sept numéros afin que, vous aussi, vous puissiez raconter «avoir ressenti comme jamais, parfois jusqu’à la peur, le génie de Bach, sa science et ses dimensions inimaginables.»
SOLISTES
SOPRANOS – Anna Stéphany / Eugénie Warnier
ALTO – Damien Guillon
TÉNOR – Daniel Behle
BASSE, BARYTON – Konstantin Wolff
I. Missa
Kyrie eleison (chœur) Adagio / Largo
Christe eleison (duo pour soprano & alto) Larghetto
Kyrie eleison (chœur) Moderato
Gloria in excelsis (chœur) Vivace
Et in terra pax (chœur) Tranquillo
Laudamus te (aria pour alto solo) Andante maestoso
Gratias agimus tibi (chœur) Pietoso
Domine Deus (duo pour soprano & ténor) Andante animato
Qui tollis peccata mundi (chœur) Lento
Qui sedes ad dextram Patris (alto solo) Allegro grandioso
Quoniam tu solus sanctus (basse solo) Andante pomposo
Cum Sancto Spiritu (chœur) Vivace
II. Symbolum Nicenum
Credo in unum Deum (chœur) Grave
Patrem omnipotentem (chœur) Allegro
Et in unum Dominum (duo pour soprano & alto) Andante
Et incarnatus est (chœur) Largo
Crucifixus (chœur) Poco adagio
Et resurrexit (chœur) Allegro un poco maestoso
Et in Spiritum Sanctum (basse solo) Allegretto grazioso
Confiteor (chœur) Allegro molto moderato e solenne
Et expecto (chœur) Vivace ed allegro
III. Sanctus
Sanctus (chœur) Poco sostenuto / Allegro maestoso
IV. Osanna, Benedictus, Agnus Dei, Dona nobis pacem
Osanna in excelsis (chœur) Poco vivace
Benedictus (ténor solo) Larghetto
Osanna repetatur (chœur) Poco vivace
Agnus Dei (alto solo) Largo
Dona nobis pacem (chœur) Moderato, pietoso
La Messe en si mineur domine l’histoire de la musique sacrée pour atteindre à une conception réellement cosmique du christianisme, au-delà des controverses confessionnelles, demeurant un symbole de l’œcuménisme en musique. Son hétérogénéité structurelle demeure alors d’autant plus étonnante au vu de l’impressionnante unité du produit fini. La Messe en si ne fut publiée qu’en 1845 et sa première exécution publique complète (nous savons qu’il n’y en eut pas du temps de Bach) semble avoir eu lieu en 1859. Son importance et ses difficultés considérables qui contribuent à l’exclure de l’usage liturgique courant, font aujourd’hui encore de chacune de ses exécutions un événement marquant. C’est de loin la plus longue et la plus ambitieuse de toutes les mises en musique de l’Ordinaire de la Messe et, de pair avec la Passion selon Saint Matthieu, la conception sonore la plus monumentale de Bach.
Aussi, nous avons appris à la considérer comme l’une des plus hautes manifestations de l’esprit religieux. Avec la Missa Solemnis de Beethoven, elle appartient aux immortels témoignages de l’homme en quête des vérités éternelles. Et lorsque Bach, ce protestant exemplaire, eut à mettre en musique telle partie du Credo : « Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique », il trouva suffisamment de paix en lui pour confier ce texte à la voix « sage » de la basse, accompagnée par deux hautbois d’amour, signifiant à n’en pas douter l’harmonie retrouvée des deux communautés, catholique et protestante.
Raphaël Pichon
Né en 1984, il se forme très tôt au sein de la Maîtrise des Petits Chanteurs de Versailles (dir. JF Frémont), ainsi qu’au CNR de Versailles, où il étudie le violon et le piano. Après des études complètes aux CNR et CNSM de Paris, il termine sa formation à la direction d’orchestre et de chœur auprès de Pierre Cao. Manifestant alors une véritable boulimie de musique, très vite on va lui donner la chance de diriger des répétitions dans le cadre de la maîtrise où il chantait. Contre-ténor, il se produit ensuite sous la direction de Jordi Savall, Gustav Leonhardt, Ton Koopman, Vincent Dumestre, mais aussi Geoffroy Jourdain ou Laurence Equilbey pour le répertoire contemporain. Ayant grandi avec les instruments baroques, c’est le répertoire baroque qui lui parle le plus, et il souhaite fort pouvoir continuer à exploiter tout ce qui touche à Jean-Sébastien Bach, son compositeur de prédilection, connaître de mieux en mieux son œuvre et ses influences et la musique de tous ses héritiers.
De ses affinités particulières pour le répertoire germanique de Schütz à Brahms, avec Johann Sébastian Bach comme figure de proue, le répertoire de Raphaël Pichon est néanmoins large et éclectique, du premier baroque à la création contemporaine.
Il fonde en 2005 l’ensemble Pygmalion, orchestre et chœur de jeunes professionnels dédié au répertoire sur instruments anciens, avec lequel il enregistre pour Alpha les quatre Missae Breves ainsi que la version 1733 de la Messe en si mineur de Bach, enregistrements qui se voient décerner plusieurs récompenses. Invités réguliers du festival de la Chaise-Dieu, Pygmalion se produit également dans nombre de festivals nationaux
Il fonde également en 2006 l’ensemble O Trente, avec lequel il aborde plus spécifiquement le répertoire romantique et du XXe siècle.
Les premiers pas de Raphaël Pichon comme chef invité sont marqués en 2010 par une production d’Opera Seria de Florian Gassmann à Nantes, puis en 2011 pour une production scénique de la Passion selon Saint Jean de Bach aux côtés du Holland Baroque Society, pour le Nederlands Reis Opera, à l’opéra d’Amsterdam. En décembre 2012, il est invité par le Stavanger Symfoniorkester pour l’Oratorio de Noël de Bach.
En 2011, il dirige Brahms et Bruckner pour la Folle Journée de Nantes, et entame un cycle de tragédies lyriques de Jean-Philippe Rameau pour le Festival de Beaune, par la seconde version de 1744 de Dardanus, en tournée à l’Opéra Royal de Versailles et à l’opéra de Bordeaux. Il donne en 2012-2013 Hippolyte & Aricie, à Beaune, Bordeaux et Versailles. Construire un répertoire d’opéras, c’est le souhait de Pygmalion tout comme celui de son fondateur.
Lors des prochaines saisons, on pourra le voir diriger la Passion selon Saint Jean, la Messe en si mineur, le Requiem allemand de Brahms, la Messe en ut de Mozart, ou encore Castor & Pollux sur plusieurs scènes.
Ensemble Pygmalion
Fondé en 2006 à l’occasion de l’Europa Bach Festival, Pygmalion naît de la réunion d’un chœur et d’un orchestre sur instruments anciens. Il est constitué de jeunes musiciens aux parcours divers. Principalement centré sur Johann Sébastian Bach et Jean-Philippe Rameau, le répertoire se veut néanmoins en réponse à sa formation, se permettant de passer du répertoire baroque au romantisme naissant, jusqu’à la création contemporaine. Le projet de Pygmalion s’inscrit également dans la recherche d’un noyau de musiciens fixe et fidélisé.
Invité régulier du Festival de la Chaise-Dieu depuis 2007, Pygmalion se produit aussi dans d’autres festivals.
Les premiers enregistrements de Pygmalion pour Alpha, les quatre Missae Breves BWV 233 à 236 de Johann Sébastian Bach reçoivent un accueil enthousiaste de la critique, et plusieurs récompenses.
En septembre 2012 paraît pour Alpha la Missa 1733 de Bach, album suivi en février 2013 de l’enregistrement live de Dardanus à l’Opéra Royal de Versailles, premier volume de la nouvelle collection Alpha – Château de Versailles Spectacles.
Après les Missae Breves, la Messe en si mineur dans sa version primitive de 1733, le Magnificat, des programmes originaux croisant cantates et création contemporaine, Pygmalion poursuit son travail sur l’œuvre de Johann Sébastian Bach en créant en 2011 une première reconstitution totale de la Trauermusik BWV 244a.
En 2011 et 2012, Pygmalion débute un partenariat avec le Festival de Beaune et les opéras de Bordeaux et Versailles autour de trois tragédies lyriques de Jean-Philippe Rameau, débutant avec la seconde version inédite de Dardanus, et se poursuivant avec Hippolyte & Aricie dans sa version de 1757. C’est le début d’un répertoire souhaité d’opéras.
Parallèlement au répertoire baroque, Pygmalion initie avec son chœur un travail autour des romantiques allemands, débutant en 2011 avec l’œuvre sacrée de Brahms et Bruckner pour la Folle Journée de Nantes, puis autour de Schubert aux côtés du pianiste Adam Laloum au Festival de la Roque d’Anthéron et à l’Opéra de Bordeaux.
Les projets futurs de Pygmalion s’articulent notamment autour de la Passion selon Saint Jean, de Castor et Pollux et de la Messe en si mineur, et verront l’Ensemble se produire sur plusieurs scènes.
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
lundi 16 décembre 2013
Halle aux Grains
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