Sous la direction de Tugan Sokhiev et de Kristjan Järvi, à la Halle aux grains et en tournée, deux programmes de concert de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse affichent deux œuvres symphoniques d’inspiration autobiographique de Richard Strauss: « Une vie de héros » et la « Symphonie domestique ».
En 1898, Richard Strauss avait 34 ans lorsqu’il achève le poème symphonique « Une vie de héros » (Ein Heldenleben), écrit trois ans après « Ainsi parlait Zarathoustra ». L’opus quarante du compositeur allemand inaugure une série de pages symphoniques qui ne s’inspirent plus d’œuvres littéraires. Comme le sera plus tard la « Symphonie domestique », il s’agit d’une œuvre autobiographique: Richard Strauss s’est glissé dans la peau de son «héros» et a mis en note sa femme Pauline sous la forme du solo de violon de la troisième partie.
« Une vie de héros » se divise en neuf parties dont les titres ont été apposés à posteriori, d’après les propos tenus par le compositeur lors d’entretiens: « Le héros », « Les adversaires du héros », « La femme du héros », « Certitude de la victoire », « Le champ de bataille », « Fanfares de guerre », « Le héros travaille pour la paix », « Retrait du héros », « Renonciation ». Dans la dernière partie, Richard Strauss reprend plusieurs thèmes tirés de ses œuvres antérieures. Le musicien dirigera en 1899 la première exécution, nécessitant une quarantaine de minutes. Dédicataire de l’œuvre, le chef d’orchestre Willem Mengelberg en dirigea le premier enregistrement trente ans plus tard. À Toulouse, Tugan Sokhiev l’interprètera à la tête de l’Orchestre national du Capitole, quelques jours après une « Symphonie domestique » dirigée à la Halle aux Grains par Kristjan Järvi (photo).
La « Symphonie domestique » a pour dédicace : «à ma chère femme et à mon garçon». Ecrite au cœur de l’Île de Wight, le temps de l’été 1903, elle fut créée l’année suivante au Carnegie Hall de New York. Le Wetzler symphony Orchestra était alors dirigé par Richard Strauss. Descriptive et autobiographique, ses cinq mouvements d’inégale taille la rapprochent plutôt d’un poème symphonique de vaste ampleur – comme le précise Strauss lui-même – dont la durée d’exécution est de quarante-cinq minutes. Dotée d’une orchestration opulente caractéristique de l’œuvre du compositeur, elle restitue le quotidien paisible, mais traversé de quelques perturbations, d’un couple élevant un enfant.
Invité à diriger l’Orchestre national du Capitole pour l’interprétation de cette œuvre, l’Estonien Kristjan Järvi fera pour l’occasion ses débuts à la tête de la phalange toulousaine. Né en 1972, il a grandi dans une famille d’éminents chefs d’orchestre: il a pour père Neeme Järvi et pour frère Paavo Järvi. Fondateur et directeur musical de l’Absolute Ensemble, il est aussi le chef d’orchestre fondateur du Baltic Youth philharmonic (BYP). Kristjan Järvi occupe également le poste de directeur musical de l’Orchestre symphonique du Mitteldeutscher Rundfunk de Leipzig (MDR, Radio de l’Allemagne centrale). En Suisse, il est le chef principal de l’Orchestre du festival de Gstaad (GFO), et conseiller artistique auprès de l’Orchestre de chambre de Bâle.
Jérôme Gac
Concerts de l’O.N.C.T. :
« Variations sur un thème de Corelli » et Concerto n°4 de Rachmaninov par Denis Kozhukhin (piano), « Symphonie domestique » de Strauss, sous la direction de K. Järvi, vendredi 22 novembre, à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse. Tél. 05 61 63 13 13.
« Die Weihe des Hauses » et Concerto n°4 de Beethoven par Menahem Pressler (piano), « Une vie de héros » de Strauss, sous la direction de T. Sokhiev,
mercredi 4 décembre, 20h30, à l’Auditorium Padre Pio, avenue Monseigneur-Rodhain, Cité Saint-Pierre, Lourdes.
jeudi 5 décembre, 20h00, à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse.
vendredi 6 décembre, 20h30, au Théâtre de l’Archipel, avenue du Général-Leclerc, Perpignan. Tél. 04 68 62 62 00.
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K. Järvi © Peter Rigaud