Référence impérative !! : mon article annonçant les deux soirées à Odyssud de ce spectacle de danse de la jeune Dada Masilo.
C’est de fort belle manière et une façon passablement énergique de secouer le monde de la danse. Et, curieusement, davantage celui de la danse contemporaine que celui de la danse classique sur laquelle, pourtant, le spectacle repose. Métissage idéal et réussi du classique et du tribal, c’est un spectacle brillant, intelligent, formidablement dérangeant.
Avec ses treize compères, Dada Masilo a une “sacrée“ dose de talent pour arriver à instiller crescendo sur 60 minutes la dose émotionnelle et écarter d’entrer ce qui pourrait relever de la parodie. Poésie, beauté, humour, mélancolie, le cocktail est savant et ravageur dans les tableaux qui se succèdent. Il en faut du culot pour habiller de tutus et d’aigrettes de plumes blanches ses danseurs masculins “black“ qui nous paraissent beaucoup plus grands sur scène. Et qui dansent pieds nus.
Il en faut du culot pour plaquer une histoire d’amour homosexuelle sur le “dos“ de ce malheureux Siegfried. Et c’est pourtant une réussite totale dans la création de ce mélange de danse classique, de danse contemporaine et de danses africaines. La chorégraphie est sensationnelle dans sa débauche d’énergie – ah ! les parades amoureuses, du survitaminé !! et de mouvement avec ces bras qui n’en finissent pas de s’exprimer et de se délier comme à l’infini. Dada Masilo ne ménage pas ses acolytes très présents sur scène avec peu de moments de repos.
Le “pas de deux“ masculin va vous secouer, à n’en pas douter. Il fallait aussi oser que des danseurs ne restent pas muets et s’expriment par des cris. Quant au tableau final, qu’on ne vous révèlera pas davantage ici, est-ce à dire qu’il va nous sembler bien fade à l’avenir dans sa version traditionnelle ?
Un spectacle imparable, qui ne peut laisser indifférent, en tous les cas, “sacrément“ réconfortant.
Michel Grialou