« La dernière grande Dame de l’Ecole Soviétique » interprète le Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur. En deuxième partie, ce sera la Symphonie n°2 en ré majeur et ses quatre mouvements.
« Le chemin de Leonskaja est un chemin de cimes. Par le dépassement de soi, l’exigence, la passion et l’intelligence, elle se place au rang des plus grands, non seulement d’aujourd’hui mais de l’époque : au rang d’une Clara Haskil ou d’un Lipatti, la modernité en plus ». André Boucourechliev (Paris)
La dernière grande dame du piano d’un côté, mais une des toutes premières par le talent, et ce, depuis plusieurs dizaines d’années : “l’anti-diva“ Elisabeth Leonskaja compte parmi les pianistes les plus fêtés de notre époque. Dans un monde dominé par l’omniprésence médiatique, l’artiste reste fidèle à elle-même et à la musique, dans la plus pure tradition des grands interprètes soviétiques comme le violoniste David Oïstrakh, ou ses confrères du clavier, Sviatoslav Richter ou Emil Gilels qui, malgré les conditions politiques les plus pénibles, restaient toujours soucieux de la quintessence de la musique. Sa modestie quasi légendaire accentue encore sa timidité face aux médias. Mais dès qu’elle entre en scène, le public sent toute la force et la détermination qu’elle tire de son dévouement pour la musique.
Au piano, l’artiste se livre toute entière, dans chaque phrase, dans chaque nuance de l’œuvre qui s’égrène sous ses doigts de virtuose accomplie. Mais là n’est pas sa seule qualité. Son répertoire est immense et pourtant, elle sera chaque note, caressante comme brutale. « A la manière d’une éminence poétique, dont les dix doigts sont autant d’avatars sensitifs, entrepris d’un élan qui les pousse au dépassement… ». Chopin et Schubert surtout, Schumann, Brahms, Tchaïkovsky, Chostakovitch bien sûr, font partie de ses intimes.
Née d’une famille russe à Tbilissi en Géorgie, elle fut considérée comme une enfant prodige et donna ses premiers concerts à l’âge de 11 ans. Son talent peu commun lui ouvrit les portes du Conservatoire de Moscou. Alors qu’elle y était encore étudiante, elle gagna des prix aux concours internationaux de renom : Enesco, Marguerite Long et Reine Elisabeth de Belgique.
L’évolution musicale d’Elisabeth Leonskaja a été marquée par sa coopération avec Sviatoslav Richter. Ce pianiste de génie a su reconnaître son exceptionnel talent dont il a assuré la promotion non seulement par des leçons et des conseils, mais également en l’invitant à jouer en duo avec lui dans le cadre de différents concerts. Un tel duo était un événement musical ! L’amitié musicale et personnelle qui liait Sviatoslav Richter et Elisabeth Leonskaja n’a pris fin qu’avec le décès du pianiste en 1997. En 1978, Elisabeth Leonskaja quitta l’Union Soviétique pour s’établir à Vienne. Son remarquable concert au Festival de Salzbourg en 1979 a marqué le début de sa carrière concertante dans les pays de l’Ouest.
Elisabeth Leonskaja a joué en soliste avec pratiquement toutes les plus grandes phalanges orchestrales, sous la direction des plus grands chefs. Elle est régulièrement l’hôte fort appréciée des principaux festivals d’été comme le Festival de Salzbourg, les Festwochen de Vienne, Lucerne Festival, le Festival du Schleswig-Holstein et la Schubertiade de Hohenems, mais aussi des soirées pianistiques régulièrement données dans les grandes métropoles de la musique, comme le Festival International Piano aux Jacobins de Toulouse.
Toutes ces activités de soliste ne l’empêchent d’ailleurs pas d’accorder une part importante de son travail à la musique de chambre et de donner fréquemment des concerts avec les quatuors Emerson, Borodine, Alban Berg et Artemis.
Une discographie considérable témoigne du haut niveau artistique de cette pianiste de talent et lui ont valu de nombreux prix. Son pays d’élection, l’Autriche, a su lui rendre tous les honneurs dus à ses qualités mais aussi à la somme de travail et à sa contribution à la vie culturelle du pays.
A propos du Concerto pour piano n°2. S’il ne fut terminé lui aussi que trois ans après les esquisses datées de 1878, ce n’est pas à cause d’un accouchement difficile comme pour le premier concerto, mais pour des raisons parfaitement pragmatiques, Brahms accordant alors la priorité au concerto pour violon. « Je tiens à vous raconter que je viens de composer un tout petit concerto pour piano avec un tout petit scherzo plein de tendresse », écrivait Johannes Brahms à une amie en 1881. Pour sûr, l’œuvre est en quatre mouvements et d’une durée d’environ…45 minutes ! Une durée totale bien loin de correspondre alors à la règle en vigueur pour un concerto, et nombreux furent ceux qui le trouvèrent tout bonnement « trop long ». Jusqu’à lui conseiller de supprimer le fameux « petit scherzo ». La création en première audition publique devait avoir lieu à Budapest le 9 décembre 1881, avec le compositeur au piano. A part quelques petites retouches faites auparavant en concert privé à Meiningen, l’œuvre fut créée telle que. Elle est de grande envergure tant au point de vue de l’inspiration que de la facture pianistique et symphonique. De tous les concertos de forme classique, l’opus 83 est un des plus grands et des plus difficiles. En quelques jours, il devait conquérir toutes les scènes allemandes. « Le soir de la Première, une scène de tumultueux enthousiasme se produisit quand l’exécution eut pris fin. Le public applaudit frénétiquement et poussa des cris d’admiration que l’orchestre renforça en une fanfare de trompettes et de tambours. »
I. Allegro non troppo
II. Allegro appassionato
III. Andante
IV. Allegretto grazioso
Symphonie n°2 en ré majeur, op. 73. Elle fut écrite au cours de l’été-automne 1877 et créée le 30 décembre à Vienne sous la direction de Hans Richter à la tête du Philharmonique de Vienne. Elle est en quatre mouvements, et suivant son exécution, sa durée totale peut varier entre 41 et 47 minutes.
I. Allegro non troppo
II. Adagio non troppo
III. Allegretto grazioso – Quasi andantino – Presto ma non assai
IV. Allegro con spirito
C’est véritablement avec cette Seconde Symphonie que Brahms remporte des triomphes comme compositeur de symphonies. Le lieu « enchanteur » où il s’est réfugié pour écrire sa partition – la Carinthie en Autriche – va rejaillir favorablement sur son inspiration. Baignant dans un climat serein, la symphonie dégage fraîcheur et gaieté contrairement à la précédente. Bien plus légère et insouciante, elle correspond à un épisode de sa vie parmi les plus heureux. Il écrit une sorte de symphonie pastorale, inspirée par un profond sentiment vis à vis de la nature, et un sentiment de sérénité qui transparait tout au long des quatre mouvements. L’orchestre est paradoxalement le plus chargé des quatre symphonies avec une participation importante des cuivres. Et, en même temps, le climat général de cette composition se reflète dans son instrumentation bien plus délicate, transparente et éclatante que celle de la Première. Flûtes, hautbois et clarinettes vont jouer un très grand rôle surtout les dernières. Trombones et tuba ne sont pas oubliés pour autant pendant que les cors ont toutes les faveurs du compositeur.
Ce même concert est donné auparavant, le dimanche 15 septembre à Onet-le-Château près Rodez – Aveyron à 15h à la salle La Baleine
Michel Grialou
Halle aux Grains
jeudi 19 septembre 2013
Réservation
Orchestre National du Capitole
Piano aux Jacobins
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