Les Grands interprètes ont terminé leur saison avec opulence et grandeur. L’ Orchestre Philharmonique de Radio- France a été merveilleux.
C’est une version savante et opulente de la Quatrième de Mahler que Myung-Whun Chung nous offre ce soir. Tout est donc gigantesque pour la plus intime des symphonies de Mahler.
Nous ne cacherons pas notre surprise et rendons les armes devant le résultat d’ensemble. Cette beauté sonore, cette puissance inhabituelle, permettent de très belles nuances, éclairent la symphonie en magnifiant sa structure. Le détail des contre-chants, des thèmes secondaires et des formules répétitives s’en trouvent mises en valeur. Myung-Whun Chung dirige par cœur, et le regard libéré, il peut déployer ses gestes avec beaucoup d’élégance. Il laisse décoller de longues phrases et des envolées célestes enthousiasmantes. Toutefois le choix hédoniste de Myung-Whun Chung ignore les éléments grotesques et moqueurs de la danse macabre du Scherzo. C’est dans le mouvement lent que le chef est le plus convaincant. L’orchestre arbore une beauté sonore enviable, surtout aux cordes dont le velours est difficilement égalable. La manière dont les nuances sont parfaitement gérées et calculées au plus loin possible, offre des émotions fortes au public.
Le final permet de retrouver la soprano, Mojca Erdmann. Avec sensibilité et émotion, elle chante les paroles d’enfants. Elle rend bien le coté malicieux du texte. Son timbre clair et frais fait merveille. Sa musicalité, sa capacité d’écoute des instrumentistes, surtout les bois, permet à la délicatesse de la partition de déployer son charme paradisiaque.
Durant tout le concert, l’attitude des musiciens traduit une apparente décontraction, un vrai plaisir à jouer. Les rares scories instrumentales (en particulier les cors) ne viennent jamais gâcher la fine musicalité de l’ensemble. Les remarquables qualités de solistes du premier violon, alto et violoncelle et la beauté sonore de la flûte, clarinette et hautbois solo magnifient la partition.
Le bis choisi par Myung-Whun Chung est particulièrement intéressant. Le jardin féérique de « ma Mère l’ Oie » de Ravel a une double parenté avec Mahler. Le merveilleux se rencontre avec le paradisiaque et la beauté orchestrale repose sur la même savante utilisation des timbres et des couleurs. Comme dans le début mozartien l’opulence sonore dans Ravel est inhabituelle avec une tendance à l’opacification de la texture. Mais les phrasés sont si sensuels et inspirés que Myung-Whun Chung emporte une adhésion totale. N’a-t-il pas su par une geste suspendu à la fin de la symphonie, faire respecter un long silence musical après le dernier accord de harpe de la symphonie ?
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