Pourquoi cette formule “marche“ autant ? Quelques éléments de réflexion en vrac. Il y a d’abord ceux qui préfèrent le confort des fauteuils des salles de cinéma, ceux qui trouvent trop compliqués de se procurer de bonnes places dans les salles d’opéra, ceux qui ont des problèmes d’audition, ceux qui veulent entendre et voir certaines productions qu’ils savent ne jamais pouvoir s’offrir, ceux qui fréquentent les salles d’opéra et pour qui la formule leur permet de rajouter à leur passion un spectacle supplémentaire, ceux qui peuvent venir à 3 ou à 4 pour le prix d’un très bon fauteuil dans la salle la plus proche, ceux qui ne se satisfont pas de leur écran télé même si la qualité des écrans actuels n’a plus rien à voir avec les précédents… cela fait quantité de raisons et sûrement d’autres pour expliquer un tel engouement. Il y a donc les “aficionados“ et ceux qui découvrent, et qui peut-être un jour, feront le grand saut et franchiront les portes de ces “temples“ dévolus à leur nouvelle passion. La formule, bien maîtrisée a donc encore de beaux jours devant elle. Et d’autant plus, si elle reste une RETRANSMISSION EN DIRECT.
SAISON 2012-2013 DU MET AU CINEMA : NOUVEAU RECORD D’AFFLUENCE
Avec plus de 206 000 spectateurs en France, Suisse et Maroc en 2012-2013, Pathé Live enregistre un nouveau record de fréquentation pour une saison d’opéras retransmise au cinéma ! En France, Pathé Live permet au Met d’égaler à nouveau son record d’entrées de la saison précédente avec 165 000 spectateurs.
Retransmise du samedi 13 octobre 2012 au samedi 27 avril 2013 en exclusivité sur plus de 130 écrans de cinéma (Les cinémas Gaumont et Pathé, Kinépolis, mk2, Cinéville, Cap- Cinémas, Ciné- Alpes et des dizaines de cinémas indépendants), la saison 2012-2013 du Metropolitan Opera de New York s’est achevée avec le Jules César de Haendel .
10 OPERAS INEDITS EN DIRECT AU CINEMA EN 2013-2014
Au total, 10 opéras dont 4 nouvelles productions seront diffusés en direct sur grand écran, en haute définition et dans des conditions de confort optimales.
Le Met reviendra sur les écrans dès le 5 octobre 2013, avec la nouvelle production de l’ Eugène Oneguine de Tchaïkovski, une étude de mœurs assez incisive. Une distribution de rêve, avec Anna Netrebko dans Tatiana, un des rôles de soprano les plus exquis du répertoire, le ténor qui n’en finit pas de devenir indispensable, Piotr Beczala dans celui de Lenski, et Valery Gergiev à la direction. On connaît sa façon d’empoigner les ouvrages russes, impitoyable et éprouvante pour ses partenaires ! L’Eugène Oneguine de Marius Kieucien sera à découvrir pour le public français. Une nouvelle mise en scène de Deborah Warner connue pour sa rigueur implacable et son langage scénique direct souvent poignant et saisissant. Cet opéra “colle“ parfaitement à ses qualités.
Trois autres nouvelles productions pour la saison, à savoir, un Falstaff de Giuseppe Verdi dirigé par le maître des lieux, James Levine, et dans une mise en scène de Robert Carsen. On relève dans la distribution les noms d’artistes comme Ambrogio Maestri dans Falstaff, Stephanie Blythe dans Mrs Quickly.
Un Prince Igor de Borodine avec Gianandrea Noseda à la direction, et il faut un chef de ce niveau pour donner toute sa gloire à une partition pleine de richesses. Quant au trublion de la mise en scène et le mot est faible ! le jeune russe à la réputation sulfureuse, Dmitri Tcherniakov, on est impatient de savoir ce qu’il va nous faire de ce prince ! La distribution est presque à 100% russe.
Le Met affichera obligatoirement complet, et les salles de cinéma aussi, pour un couple d’anthologie dans Werther de Jules Massenet. Jonas Kaufmann dans Werther et Elina Garança dans Charlotte, c’est l’affiche. Ils ont la voix du rôle, c’est sans contestation aucune, et en plus le physique du rôle, et quel physique, l’un comme l’autre. En plus, ils s’investissent totalement dans leur personnage. Engagement vocal et scénique, vous rajoutez Alain Altinoglu à la baguette, c’est le miracle assuré. Le réalisateur anglais Richard Eyre devrait s’ajouter à la réussite de cette production-phare de la saison du Met.
Roberto Alagna sera Mario Cavaradossi dans une reprise de Tosca aux côtés de Patricia Racette dans celui de l’héroïne, tandis que l’immonde Scarpia trouvera George Gagnidze pour le rendre encore plus odieux. Un opéra qui ne court pas les programmes des saisons de chaque salle, c’est bien Le Nez, de Dmitri Chostakovitch, un opéra de 1930, créé à partir d’une nouvelle de Gogol, de presque deux heures, réclamant 78 personnages ! un éventail d’instruments originaux s’ajoutant aux traditionnels, une partition foisonnante, une tragi-comédie de l’absurde et de la cruauté bien délicate à monter et donc, plus qu’intéressante à suivre. Pavel Smelko à la direction et William Kentridge ont relevé le défi.
En février, viendra Roussalka d’Antonin Dvorak dont le rôle-titre est interprétée par la star parmi les stars du Met, j’ai nommé Renée Fleming, un rôle qui est indissociable de son nom, à tel point que rares sont les sopranos qui osent prendre la relève. Elle y est exceptionnelle, toutes les critiques le reconnaissent. De plus, son Prince, c’est ici encore Piotr Beczala, alors…Si vous ajoutez la mezzo Dolora Zajick dans Jezïbaba, Emily Magee dans la Princesse étrangère, Otto Schenk à la mise en scène et enfin, à la direction de l’ensemble, la nouvelle star de la baguette, à l’emploi du temps d’un Valery Gergiev, le dénommé Yannick Nézet-Séguin, cela vous assure encore une fois des représentations exceptionnelles. Les new-yorkais ont de la chance, mais nous aussi.
Mimi va mourir en avril. Mimi, c’est Anita Hartig qui va rendre son dernier souffle dans les bras de Rodolphe, le ténor Vittorio Grigolo. On va oser écrire qu’elle a bien de la chance, puisque c’est sur scène !! Une Bohème de misère, luxueuse puisque Franco Zeffirelli était chargé alors de la mise en scène , décors et costumes. Une reprise de choc sous la baguette de Stefano Ranzani avec le reste de la distribution de haut-niveau bien sûr.
Quant à Cosi fan tutte, c’est une reprise de cette œuvre unique, ce piège diabolique tendu par les hommes, tous les hommes, à leurs femmes ou futures femmes, mais tendus à toutes les femmes. Ici, tout touche à la perfection. Danielle de Niese et Maurizio Muraro tireront les ficelles de cette fable cruelle et mélancolique dans laquelle Susanna Philips et Isabel Leonard auront bien du mal à se tirer indemnes de ce guêpier, et leurs promis aussi Pietro Spagnoli et Rodion Pogossov. Dans une mise en scène de Lesley Koenig, c’est James Levine qui mène la danse.
La saison finira dans les salles de cinéma avec un feu d’artifice, La Cenerentola de Gioacchino Rossini, ce véritable feu d’artifice de l’écriture rossinienne, ce mélange de gaieté divertissante et de mélancolie. Mais comme Alfred de Musset vous verserez des larmes d’émotion à la moindre aria d’Angelina chantée par la mezzo, “coqueluche“ des planches, l’américaine Joyce DiDonato. Quand on sait que Don Ramiro, c’est le ténor péruvien Juan Diego Florez, le pompeux Don Magnifico, Alessandro Corbelli, et que Pietro Spagnoli et Luca Pisaroni complètent la distribution, on attend avec impatience que le chef Fabio Luisi lève sa baguette pour déclencher les festivités.
Michel Grialou
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