Dans «Frictions», à la Halle aux Grains, des pièces de Preljocaj, Inger et Belarbi constituent un programme chorégraphique du Ballet du Capitole à Toulouse.
Kader Belarbi signe « Étranges voisins », chorégraphie pour le Ballet du Capitole dont il vient de prendre la direction. Dans cette pièce révélant l’animal qui sommeille dans chaque être humain, il place la musique d’Antonio Vivaldi dans l’univers électroacoustique de Philippe Hersant. Issue d’un travail d’improvisations des danseurs, cette création souligne la porosité des frontières entre humanité et animalité. «De toutes les chorégraphies de signes et d’expressions renvoyées par le monde des animaux, j’essaye que les danseurs se laissent traverser et rendent avec exactitude la sensation de la ressemblance. L’animal en miroir, guide le ballet dans un voisinage étrange», annonce Kader Belarbi.
Deux autres pièces composent ce programme intitulé «Frictions» – signifiant ici «frottement», «conflit» – où cohabitent des univers incompatibles. Ainsi, la danse néoclassique côtoie la danse contemporaine et la vieille Europe se juxtapose à l’Amérique moderne dans « la Stravaganza », d’Angelin Preljocaj. Une œuvre créée avec succès pour le New York City Ballet en 1997, où la musique de Vivaldi est associée à des compositions contemporaines de Åke Parmerud, Evelyn Ficarra, Robert Normandeau et Serge Morand.
Autre entrée au répertoire de la compagnie toulousaine, « Walking Mad » (photo) fut conçue en 2001 par Johan Inger pour le Nederlands Dans Theater de La Haye. Sur le « Boléro » de Maurice Ravel et « Für Alina » d’Arvo Pärt, le chorégraphe suédois y décrit la complexité indissoluble des relations entre hommes et femmes, avec humour, simplicité, poésie et effets théâtraux inattendus. Selon lui, «on s’attache toujours à la beauté des corps, à l’exaltation des sens et des sentiments, à la liberté de l’expression et des échanges, mais il y a aussi entre l’homme et la femme quelque chose de l’ordre de la gêne, voire de la dureté. Il y a de la peur, de la maladresse, la conscience des limites et c’est cet ensemble d’éléments, parfois contradictoires, qui traversent « Walking Mad »».
Jérôme Gac
« Walking Mad » © Joris Jan Bos
Du 5 au 9 décembre, à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse. Tél.: 05 61 63 13 13
Démonstrations commentées : «Carnet de danse», samedi 1er décembre, 18h00.
Conférence : «Le son et le geste», lundi 3 décembre, 18h00.
Au Théâtre du Capitole, place du Capitole, Toulouse (entrée libre).
Documentaire sur Angelin Preljocaj, mardi 4 décembre, 19h00, à la Cinémathèque de Toulouse, 69, rue du Taur, Toulouse. Tél.: 05 62 30 30 11.