Ou, faudrait-il se brider, question enthousiasme et compliments, quand il y a tellement d’occasions pour manifester et répandre, hélas, tout le contraire.
Faut-il, en effet, revenir sur les performances du Chœur et de l’Orchestre dans Rienzi sur la scène du Théâtre du Capitole ? Ne se murmure-t-il pas, même, que c’est bien à Toulouse que nous trouvons un des trois plus grands orchestres de fosse de France ?! Galvanisés par le chef Pinchas Steinberg, ils furent tous deux acclamés à la fin de chaque représentation. Je parierais que pour le classement du Chœur, il en va tout autant. (Relisez les différents compte-rendus qui vous sont proposés).
Le 13 octobre, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse se signalait à son tour avec à sa tête le jeune chef japonais Kasuki Yamada qui fit grande impression sur tous, public et musiciens. On ne reparlera pas de la Fantastique, et de ce concert (voir les 2 articles précédents).
Auparavant, le concert du 6 ne fut pas en reste. Ne lit-on pas sous la plume de Serge Chauzy : « Un programme musical plein de surprises et de contrastes. Un chef d’un dynamisme sans limite. Un percussionniste virtuose et un orchestre brillantissime. La soirée du 6 octobre dernier n’a pas manqué d’atouts. L’Orchestre national du Capitole invitait de nouveau un duo qui avait déjà fait sensation en 2009 dans cette même Halle aux Grains, le chef finlandais John Storgårds et le percussionniste écossais Colin Currie. »
Et encore, sous la même plume, dans le cadre des Clefs de Saint-Pierre :
Feu sacré : Décidément, les Clefs de Saint-Pierre nous ouvrent des horizons privilégiés ! Le 8 octobre dernier, six musiciens formidablement motivés plongeaient le public de l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines dans les délices fin de siècle de ce que la musique française a produit de plus intense et de plus chaleureux. Le fameux Quintette pour piano et cordes de César Franck et le tout aussi célèbre Concert pour piano, violon et quatuor à cordes d’Ernest Chausson n’en sont pas pour autant fréquemment donnés en concert. Il fallait donc absolument être présent ce soir-là.
Mais il nous faut bien dire quelques mots sur le concert du 20, intitulé Stravinski et la Danse. Les Noces furent pour beaucoup des présents une découverte, et quelle découverte ! Dirigé par un Tugan Sokhiev, heureux comme un poisson dans l’eau de cette partition, ce fut « grand », et pour les quatre pianistes de cette version, Romain Descharmes, Varduhi Yeritsyan, Guillaume Vincent, Florence Cioccolani, et pour les autres percussions, et pour les quatre solistes, mention au ténor Vasily Efimov, le Fiancé, et l’ensemble des chœurs, sans oublier donc le chef.
Pulcinella semble aussi une œuvre pour laquelle ce dernier éprouve une certaine tendresse. Avec un effectif orchestral où l’on aura remarqué l’absence voulue des clarinettes et de percussions, mais incluant deux cors, une trompette et un trombone, un matériau mélodique imposé, Sokhiev se délecte de faire ressortir, savoureux et inédits, les alliages instrumentaux auxquels Stravinski parvient dans cette musique de Pergolèse arrangée et orchestrée. C’est la version avec voix qui nous a été donnée, celle de la création pour le ballet, le 15 mai 1920 à l’Opéra de Paris.
Sans oublier la Symphonie de Psaumes, avec son chœur mixte s’illustrant tout au long des trois mouvements dont les durées vont croissant, et l’orchestre dont la réussite nécessite absolument qu’on en énumère l’effectif : les instrumenst à vent prédominants (5 flûtes, 5 hautbois, 4 bassons, 4cors, 5 trompettes, 3 trombones, 1 tuba), violoncelles et contrebasses, timbales et grosse caisse mais peu présentes, 2 pianos et une harpe.
Trois œuvres passionnantes d’Igor Stravinski dans un même programme de concert, données avec une grande réussite grâce, à n’en pas douter, à tout le travail fait en amont par Tugan Sokhiev avec ses musiciens et par Alfonso Caiani avec ses choristes.
Je vous le dis, un très beau mois d’octobre.
Michel Grialou
Orchestre du Capitole
Les Clefs de Saint-Pierre
Théâtre du Capitole