La comparaison mérite bien sûr quelques précisions !! Mais l’arrivée sur les têtes de gondole de son dernier “bébé“ intitulé Mission ne fera que conforter un point de comparaison, à savoir, Cécilia court devant, et derrière, une meute essaie de la rattraper, en vain. Catégorie chant baroque, la course en tête paraît d’actualité pour quelque temps encore, et le combat presqu’injuste si l’on ignore ou feint d’ignorer la somme de travail qu’il y a en amont. Ce dernier CD le prouve encore, s’il en était besoin. L’art de la vocalise est toujours aussi confondant (plage 13 !!!!!).
D’accord, il n’y a pas de concurrence puisque les plus de 20 extraits sont des inédits. Mais, encore fallait-il les découvrir, et leur auteur dans la foulée. Qui connaissait le dénommé Agostino Steffani, ce mystérieux compositeur baroque ? “Bosseuse“ acharnée, avide de nouveautés, la cantatrice ressuscite ce prêtre musicien resté jusqu’à présent dans l’ombre, ce qui paraît assez incroyable. Un vrai travail encore de musicologue, un de plus.
C’est pourquoi, il fallait s’adjoindre les services de la reine du polar américaine Donna Leon qui “sort“ à l’occasion son dernier roman, Les Joyaux du paradis, dont l’héroïne est Caterina, une musicologue qui tente de remonter le fil de la vie de Steffani. La “com“ est au top !
Si, d’autre part, Usain a le crâne rasé, Cécilia nous la joue cantatrice chauve, ce qui nous donne une couverture qui peut difficilement passer inaperçue !! Un point qui ainsi les rapproche, tandis qu’un autre les éloigne, un peu, beaucoup ? Usain n’est pas un acharné de l’entraînement, dit-on, tandis que notre diva est bien en perpétuelle effervescence. La nature lui a fait cadeau de certaines possibilités vocales mais fallait-il encore en faire quelque chose. Qu’on aime, ou qu’on déteste le résultat, c’est une qualité que l’on ne peut discuter.
Tout comme Philippe Jaroussky présent sur le CD pour quatre duos dont on ne dira rien. Simplement, on pouvait se douter que ces deux artistes finiraient bien par se rencontrer ailleurs que sur scène.
Quant à l’accompagnement, l’orchestre I Barocchisti sous la direction de Diego Fasolis, dès les deux premiers airs du CD, il vous captive et ne vous lache plus.
Je vous le dis, un nouveau petit joyau, s’ajoutant à une liste déjà fort longue, qui va réjouir les “fans“ et rendre plus aigris encore ses détracteurs ! Tant pis pour eux.
Toulouse et sa région ont bien de la chance puisque Cécilia Bartoli sera pour la huitième fois à la Halle, le 18 décembre. Après Gluck (récital doublé), Salieri, Opera proibita, La Malibran, Sacrificium, Haendel, voici Mission et l’ombre d’Agostino Steffani. Une fête pour le chant, assurément, et une fois de plus, mission accomplie !
Michel Grialou
Cecilia Bartoli
Decca
Les Grands Interprètes / Réservation