Il est à Toulouse, où il aime beaucoup jouer, au Cloître des Jacobins pour un récital consacré à Jean-Sébastien Bach. Dans le cadre du Festival, il interprètera le 19 septembre à 20h, un monument, les fameuses Variations Goldberg. Ce sommet de l’écriture pour clavier est d’une richesse extraordinaire, tant par la forme, que par l’harmonie, le rythme, l’expression ou le raffinement technique.
Nicholas Angelich, en tant qu’interprète, à propos de Bach : « Je l’ai toujours aimé. Il est indissociable de mon être comme il l’est de notre métier, dans la mesure où son écriture vous conduit à considérer simultanément, dans leur plénitude, les multiples dimensions de notre pratique musico-instrumentale, et ce de manière inconsciente.
Travailler la Clavierübung, c’est lier automatiquement harmonie, polyphonie, contrepoint, pulsation, technique, cadres formels, réflexion sur le timbre, le legato, doigtés, indépendance / superposition des voix et des mains, etc.
Bach nous est indispensable tant au niveau physique qu’au point de vue cérébral. Je ne parle pas même de l’enrichissement qu’il procure sur le plan métaphysique, au sens littéral du terme. Je joue Bach avec assiduité depuis l’adolescence, même si je n’ai pas éprouvé souvent le besoin de l’interpréter en public. »
Né aux Etats-Unis en 1970 d’une mère pianiste et d’un père violoniste, les deux issus de familles aux racines de l’Europe de l’Est, Nicholas Angelich, ne donnera-t-il pas son premier concert à 7 ans !! interprétant alors le Concerto n°21 en ut majeur HV 467 de Wolfgang-Amadeus Mozart ?
Depuis l’âge de treize ans, il vit à Paris, revenu des “States“ avec sa mère. Il pointe depuis une dizaine d’années dans la cour des Grands, mais un pianiste qui se singularise aussi par une relation très forte avec un public qui nourrit une admiration et une fidélité plutôt rares. Est-ce la perception d’une forme de fragilité, de timidité, de ce doute permanent qui semble l’animer ? et qui paraît rejoindre sa réponse à la question « pourquoi joue-t-on ? » :
« Parce que c’est comme ça. C’est trop compliqué à expliquer. Pourquoi est-on écrivain, acteur, pianiste ou mathématicien ? pour ne pas fuir la question, je dirai : c’est évident et nécessaire.…On joue parce qu’on aime ça. »
Quant aux Variations Goldberg, « Aria avec diverses variations » comme le précise le titre original, et mieux encore, « Aria avec plusieurs variations pour Clavicimbal à deux manuels », elles furent publiées en 1741. Et, pure légende ? en tout cas, belle légende ! elles seraient le fruit d’une commande d’un certain comte qui souhaitait avoir de la musique à faire jouer, pendant ses…insomnies !! par son petit protégé claveciniste, le jeune Goldberg. Au vu de la difficulté d’exécution et de la conception extraordinaire de la composition, on peut supposer que le jeune Goldberg, à quatorze ans, était un remarquable virtuose.
Sachez que ce cycle de trente variations est organisé très strictement par groupe de trois variations, qu’il est encadré de l’aria et de sa reprise finale, son milieu étant ponctué par la 16è en forme d’ouverture, et que, le sens de l’humour, paraît-il, de J.S Bach se reconnaît dans la 30è. En effet, il a conçu pour celle-ci, un “quodlibet“ où la basse est surmontée d’un contrepoint entre deux mélodies populaires ( « J’ai été si longtemps loin de toi, reviens ») et ( « Chou et navet m’ont repoussé »). Mais oui !
Enfin, ne vous privez surtout pas du magnifique livre-programme du Festival ayant pour invité l’artiste plasticien chinois Xiao Fan Ru.
Michel Grialou