Afin de rattraper l’avance des nazis en matière d’arsenal expérimental, l’armée américaine investit dans un sérum du Super Soldat, et choisit le chétif Steve Rogers comme cobaye. Mais l’expérience tourne mal et en guise de super armée, les généraux devront se contenter du seul Rogers. Doté d’une force, une rapidité et une endurance supérieurs à la moyenne, Rogers devient vite la mascotte de la campagne d’engagement militaire et endosse le caricatural costume de « Captain America » que veut bien lui donner l’armée dans des spectacles itinérants, à défaut d’une vraie place sur le front.
Mais la capture de son meilleur ami Bucky par les nazis va précipiter le destin de Rogers, l’occasion pour lui de prouver à ses supérieurs que malgré son inexpérience, il vaut mieux que son rôle de simple clown bariolé de la bannière nationale.
Ce blog vous propose aujourd’hui une deuxième séance de rattrapage avant la sortie du film « Avengers » de Joss Whedon.
Voici un authentique film d’aventure dans la vieille tradition : un héros pur (limite puceau), frais et joyeux partant à la guerre la fleur au fusil, une amourette quasi platonique, un méchant bien hideux, le charme des films de guerre à l’ancienne (des nazis bien méchants à défourrailler, des soldats US valeureux, des prisonniers à récupérer dans un camp au cours d’une mission suicide…). En un mot, les tares liées à l’adaptation du plus chiant et caricatural des super héros Marvels en font pourtant l’une des meilleures adaptations de comics, dans la veine du charme steam punk d’un « Rocketeer ». Là où Rogers aurait pu pâlir face au charisme démesuré d’un Tony Stark, nous avons affaire ici à un héros en retenue, sobre et efficace dans le bon sens du terme car respirant l’humanité. Alors oui, il n’est pas fun et ne fait pas de blague, mais sa foi démesurée en son pays frôlant la pathologie en font certainement le plus touchant des super-héros. Son apport au groupe des Vengeurs ne sera assurément pas en creux, les scénaristes ayant su rendre justice à cette antithèse de Stark, alors que le matériau portait tous les gênes de l’adaptation foireuse.
Le vétéran Joe Johnston (« Jumanji », « Jurassic Park 3 », … ah ben tiens, « Rocketeer »), l’un des meilleurs éléments de l’écurie Lucas–Spelberg ayant débuté sur les effets spéciaux de « Star Wars : Un nouvel espoir » en 1977, s’en tire honorablement et fait le métier, comme on dit. A cent lieux des blockbusters à effets spéciaux cyniques, son « Captain America » nous refait croire à un cinéma à prendre au premier degré. L’humour n’est toutefois pas absent, à travers un Tommy Lee Jones (prouvant ici qu’il peut aussi faire rire autrement qu’en costard et lunettes de soleil) parfait en officier militaire ronchon et buté. Dans le rôle titre, Chris Evans s’en sort avec les honneurs, mais il est vraiment aberrant d’avoir choisi un acteur ayant déjà incarné un autre personnage Marvel (La Torche dans « Les 4 Fantastiques »). Pour la cohérence de l’univers, il faudra repasser.
Injustement passé inaperçu lors de sa sortie en salle durant l’été 2011 (en concurrence frontale avec « Green Lantern » de DC Comics, et quelques semaines seulement après « Thor ») ces aventures de Steven Rogers sont certainement arrivées à un point où le public souffrait d’une overdose de héros bariolés. Il vous reste quelques jours avant le mastodonte « Avengers », ne passez pas à côté de cet excellent film d’aventure.
Avec Chris Evans, Hugo Weaving, Hayley Atwell, Tommy Lee Jones, Stanley Tucci. Disponible en Blu-ray et DVD chez Paramount.
Ecouter aussi ma chronique dans l’émission radio « Supplément Week-End » du samedi 14 avril 2012.
Thomas Berthelon : http://thomasberthelon.com
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