« Les passions, qu’elles soient ou non violentes, ne doivent jamais être exprimées de façon à susciter de l’aversion, et, tout comme la musique, dans les situations les plus terribles, ne doivent jamais offenser l’oreille mais au contraire plaire à l’auditeur, ou, en d’autres termes, ne doivent jamais cesser d’être de la musique… » G. Puccini
Du 13 au 22 avril, préparez vos mouchoirs pour la Halle, et ne jetez pas ceux en papier sous votre siège !!!!
Dans le style obstiné à fendre le cœur de celui qui l’écoute, le natif de Lucques, Giacomo Puccini, est bien le maître incontesté. Le livret de cet opéra, finalement le plus, statique, intimiste de son compositeur, et centré sur un seul personnage, ne pourra que vous arracher des larmes, grâce aussi à une musique opulente aux raffinements extrêmes. Ecrite en 1904, c’est une véritable tragédie japonaise en trois actes. « Et faire pleurer, toujours, mais avec quelque chose de merveilleux, séduisant et gracieux » !!! vous confierait le compositeur.
1904, tandis que s’inaugure l’ère Meiji, laquelle voit la modernisation foudroyante de l’Empire du soleil Levant, donc, son occidentalisation, l’Occident, lui, s’entiche de japoniaiseries. Au moment donc, où Puccini écrit son opéra, les japonais, eux, ont bien mieux assimilé les leçons venues de l’Ouest. L’empereur dîne d’un rosbeef, l’impératrice apparaît en public les sourcils non rasés et les dents non noircies. Le port du sabre est interdit aux samouraïs, sortir les pieds nus est proscrit,…
Enfin, février 1904, alors que se tient la première de Madame Butterfly à la Scala de Milan, les compatriotes de Cio-Cio-San, héroïne naïve et pure, torpillent sans avertissement la flotte russe d’Extrême-Orient.
Les personnages de cette fausse intrigue implacable : Pinkerton – ténor – lieutenant du genre “fiero“ de la Marine américaine, achète une maison livrée avec la future “fausse“ mariée ! la très jeune geisha Cio-Cio-San – soprano – sous les yeux de l’entremetteur Goro, et Monsieur le Consul des Etats-Unis, Sharpless – baryton – de connivence. Susuki – mezzo -, la suivante, passera son temps à consoler l’héroïne délaissée, devenue maman, véritable jouet des conventions d’alors, et dont l’aspect profondément humain et sensible atteint forcément à l’universalité au détour d’un hara-kiri. Le vrai sujet de Madame Butterfly résiderait-il dans le mystère de cette détermination à refuser le monde, à renier sa famille et sa religion, à détruire tout ce qui n’est pas l’être aimé, à être sourde aux avertissements, à faire des victimes autour d’elle, à abandonner son enfant, à jouir de tout ce qui fait mal ?
Une telle émotion nécessite une interprète du rôle-titre, exceptionnelle tant par la voix que par le jeu de scène capital : Hui He relève le défi, dirigée par le chef Claus Peter Flor, un véritable challenge pour lui dans ce type de répertoire. La mise en scène très efficace et éprouvée est de Nicolas Joël.
Théâtre du Capitole – du 13 au 22 avril à la Halle aux Grains
Dépêchez-vous, il doit bien rester quelques « piliers » à vendre !!
Michel Grialou
Photo Madame Butterfly © Patrick Riou
Claus Peter Flor © Shawn Northcutt