Dans le sud de la France, on emploie aussi le terme de gougnafier !!! qui, ma fois, conviendrait fort bien pour qualifier la dame qui, pas trop loin de moi hélas, a passé le temps de la repésentation à quitter et à remettre tant bien que mal ses petits escarpins. Sur le parquet, à l’orchestre, c’est idéal de discrétion. Si vous rajoutez trois ou quatre gosiers en mal d’éclaircissement, et ce, sans paravent aucun, vous comprendrez la rage, contenue car pas assez près des coupables pour manifester mon ressenti, et si proches du plateau en même temps. Est-ce que les chanteurs toussent, eux ? et les musiciens ? et les choristes, et les figurants ?! surtout quand, et nous ne parlerons ici que de la distribution (pour l’ensemble, voir l’article précédent), la prestation pour cette dernière atteint un tel niveau. Les coupables se reconnaîtront-ils ? j’en doute ! Tant pis, c’est dit, c’est écrit, ça soulage. Passons à l’essentiel.
La mise en scène se concentre toujours avec justesse sur la relation entre les personnages, en particulier entre Vitellia et Sextus dans l’acte I, et entre Sextus et Titus dans l’acte II. Mais, qui dit opéra, dit musique et chant ! d’abord donc, allons tout droit aux fondamentaux.
Plus impliquée encore, et vocalement et scéniquement, et tout en restant dans le cadre de l’opera seria, Maïte Beaumont en Sextus, exprime avec réalisme, les tourments du jeune homme , déchiré entre son amour passionné pour Vitellia et son amitié non moins forte pour Titus. Sans faiblir vocalement, Tamar Iveri a été encore plus expressive dans son côté manipulateur, et dans sa jalousie. Titus, le ténor coréen Woo-Kyung Kim, en grande forme vocale toujours, s’est attaché avec encore plus d’intelligence, à montrer combien, à la fameuse clémence de l’Empereur, se mêle une immense peine. Quant au jeune couple d’amoureux, Annius et Servilia, servis par Paula Murrihy, mezzo, et Anne-Catherine Gillet, soprano, ils ont été parfaits de timbre, de conviction, et d’implication.
Les redoutables récitatifs ont été intégrés au spectacle avec efficacité, surtout avec l’aide, au continuo, de Robert Gonnella au clavecin et Christopher Waltham au violoncelle, David Cyrus défendant vaillamment la partition à la tête de l’effectif, format réduit, d’un orchestre, le tout ne manquant ni de caractère, ni de hauteur.
Michel Grialou
photos : Patrice Nin