Sombre comme la guerre
Attention, il ne s’agit pas ici d’un remake américain de Crin Blanc. Nous en sommes loin et ce film, clairement, est à déconseiller aux moins de 12 ans. Le titre est explicite sur le sujet, nous sommes bien dans un film de guerre, celle de 14/18 en l’occurrence. L’histoire est celle de Joey, un magnifique étalon qui va se lier d’amitié avec Albert, le fils d’une pauvre famille britannique, à la veille du premier grand conflit mondial. Vendu à l’armée, Joey part donc faire la guerre en Europe, tirant ambulances et canons dans les conditions que chacun sait. Afin de le récupérer, Albert va s’engager. Bien sûr, à la fin de ce conte tragique et violent, les deux amis se retrouveront. Mais que d’épreuves avant d’en arriver là. Pour la petite histoire, si l’on peut dire, il faut savoir que près de 6 millions de chevaux périrent lors de ce conflit. Lors du tournage, hyper contrôlé, aucun animal (il y a 14 Joey !) ne fut mal traité et ce malgré toute la virtuosité de Spielberg pour nous faire croire le contraire. Inspiré du roman éponyme de Michael Morpurgo, le dernier opus de Steven Spielberg, tourné à l’ancienne, n’utilise aucun effet spécial. C’est certainement ce qui lui donne cette incontestable densité de volume et de couleur. Depuis quand n’avions-nous pas assisté à une charge sabre au clair d’une cavalerie aussi impressionnante ? Bon, à vrai dire, Spielberg traîne un peu au détour d’une séquence, comme se contemplant dans le miroir narcissique d’un grand faiseur et les 2h27’ semblent parfois un brin longuettes. Mais le sens inné de l’épique qui anime cet immense réalisateur est toujours là pour nous faire reprendre le chemin de l’admiration. Pas de performance d’acteurs à souligner mais, encore une fois, quel savoir-faire renversant !
Robert Pénavayre
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