Avec Rinko Kikuchi, Hinako Saeki, Meisa Kuroki. Disponible en DVD chez M6 Vidéo.
Le monde est au bord de l’implosion, les sociétés et les systèmes économiques piétinent et peinent à évoluer, les conflits d’un genre nouveau éclatent aux quatre coins de la planète. Mais le salut peut provenir du virtuel, territoire où les connaissances sont mises en commun, où les individualités se fondent pour mieux se défouler dans un univers belliqueux calqué sur le réel : ce jeu à grande échelle s’appelle… Avalon.
Dans son extension Avalon(f), 4 super joueurs, Gray, Lucifer, le Colonel, et Jager, errent dans un désert sans fin à la chasse aux vers géants des sables.
Nouvelle incursion du réalisateur Mamoru Oshii dans le film live, après « Avalon »tourné en Pologne. Ici, les langues parlées sont l’anglais (la langue officielle du jeu) et le japonais. Ce film assez court (70 minutes) est le prolongement de deux courts-métrages que le réalisateur de « Ghost in the Shell » avait mis en scène, pour la chaîne de restaurant KFC. Il reprend ici la thématique des femmes guerrières, tout en bricolant une histoire autour.
Le film s’ouvre sur une voix off présentant la situation géo-politique (ce passage est d’ailleurs passionnant) à base d’images d’archives et de photos en noir et blanc. Ensuite, nous passons à une imagerie informatique (des écrans et indicateurs lumineux, des cibles mouvantes, des radars), rappelant l’introduction de ses précédents films (impossibilité de se renouveler ou auto-citation nombriliste ?), puis une mise en situtation de ses protagonistes dans une esthétique plus ou moins travaillée, rappelant les grandes heures du cinéma post-apocalyptique et des films minimalistes d’auteurs.
A cet instant, l’impression mitigée laissée par les quelques échos que j’avais pu lire sur internet laissent place à une bonne surprise : du désert, une image dessaturée mais relativement sobre, des personnages en haillons traquant des ennemis imaginaires, une absence de parole. On se croirait dans le « Vahlalla Rising » de Nicolas Winding Refn. Je me dis naïvement que les précédents errements d’Oshii avec le très hermétique « Tachiguishi Retsuden » et l’en-deça « Sky Crawlers » sont loin derrière, et que cette nouvelle livraison va frapper un grand coup.
Eh bien non…
Le principal moment de bravoure résonne encore comme un « tout ça pour ça » encore très en-dessous de la réalité, les actrices ne sont que des top models prenant la pose, et l’élément comique peine à apporter une humanité à un ensemble vide, n’ayant rien à raconter (le goût d’Oshii pour la description de situations géo-politiques trouve une résonance avec le discours sur la création des partis, asséné au marteau-piqueur), et aux effets spéciaux tellement laids et peu soignés (mais prends des cours de typos, enfin…) que l’impression générale après le visionnage d’« Assault Girls » est le mot « Arnaque ».
Oshii n’est plus que l’ombre de lui-même, une coquille vide n’ayant plus rien à dire, et plus grand chose à montrer d’original (encore des pin ups avec des flingues, des avions militaires, des viseurs numériques…). Je pense qu’il aspire de plus en plus à se confronter à un cinéma d’auteur européen qui l’a toujours fait fantasmer, mais qu’il ne parvient pas à laisser de côté son identité de geek/army-otaku.
Il est à un stade de pré-ré-invention, mais la machine patine. Le bouton « Turbo » est coincé, son basset est assis dessus.
Thomas Berthelon : http://thomasberthelon.com