Avec James Franco, Freida Pinto, John Lithgow, Brian Cox, David Hewlett.
Le scientifique Will Rodman et son équipe développent un remède expérimental contre la maladie d’Alzheimer, sensé booster le cerveau. Ils pratiquent leurs essais sur des singes, mais à la suite d’un incident, leur patiente meurt après avoir donné naissance au chimpanzée César, porteur naturel du gêne développé par Will.
Will et son père, atteint d’Alzheimer, développent des relations privilégiées avec le singe, mais l’intelligence hors norme de César et certains de ses comportements vont progressivement isoler celui-ci jusqu’à ce qu’il prenne réellement compte de son potentiel et rassemble les primates opprimés derrière lui.
Il ne fallait pas énerver les singes…
Bon, ce serait faire injure au film de Rupert Wyatt que ne serait-ce que mentionner la bouse de Tim Burton dans cette chronique. Enfin, toujours est-t-il que les deux films n’ont rien à voir. Ces « Origines » sont une excellente surprise car elles privilégient la psychologie de César, véritable héros du film et premier singe intelligent, sorte de prophète de la Planète des Singes. Le métrage démarre tambour battant, permettant de mettre en place les conditions de sa naissance, puis le scénario se concentre sur l’évolution du singe, comme s’il s’agissait d’un biopic consacré à l’enfance d’une personnalité. On assiste à quelques moments de tendresse, où César apprend à une vitesse phénoménale, tandis que le grand-père lutte contre sa propre dégénérescence.
Le sous-texte du film, c’est que l’autre personnage central, Will (très bon James Franco), doit accepter de laisser partir son papa en lâchant prise sur l’élaboration d’un hypothétique vaccin, ainsi que son « fils » chimpanzée, dont l’intelligence extraordinaire ne peut que le couper de la civilisation. Will est un homme seul, bientôt orphelin, et dont l’enfant va choisir le camp des primates. En guise de maison de correction, il est envoyé en cage. C’est à cet instant que le film bascule dans un deuxième acte moins sentimental et beaucoup plus tendu.
C’est aussi dans le deuxième acte que César devient vraiment intéressant, aidé par le jeu toujours très efficace d’Andy Serkis (Gollum, King Kong, le futur capitaine Haddock de Jackson et Spielberg), derrière la motion capture. La meilleure scène se déroule dans la cage de César, lorsque Will, venu le ramener à la maison, et comprenant tout juste que son chimpanzée préféré est victime de sévices, lui demande de le suivre. César ne lui montre qu’un visage froid et déterminé, préférant demeurer dans sa cage, mais lorsqu’il se retourne, on comprend que c’est pour cacher sa tristesse de ne pouvoir suivre son père d’adoption. Il ne peut abandonner ses congénères. Leur évasion est imminente…
Même si un effort certain a été consenti dans les scènes d’action du troisième acte, celles-ci demeurent le maillon faible du métrage. Malgré un décor ultra efficace (le pont de San Francisco), elles manquent d’imagination, et le choix du point de vue des singes plutôt que des humains torpillent ce que pouvait offrir la brume en terme de mise en scène (je pense ici à « Aliens » de James Cameron).
Etonnamment, le film brille surtout par sa galerie de personnages, et particulièrement les singes qui ont été très travaillés, mention spéciale à la bête de laboratoire complètement défigurée, et donc très revancharde. L’aspect psychologique constitue le point fort de « La planète des singes : les origines », et malgré quelques incohérences, le film est une très bonne surprise, laissant le soin aux suites d’exploiter les aspects « aventure » et « guerre ».
Thomas Berthelon : http://thomasberthelon.com