J’ai toujours aimé à penser qu’une idée pouvait être « dans l’air », dans le sens où c’est le fruit d’une réflexion sur quelque chose, une réponse, faite avec ses acquis, sa personnalité, son identité.
Nous sommes le fruit de notre cadre, notre environnement. Nous partageons énormément de choses, d’autant plus que nous allons vers une sorte de lissage, la mondialisation agissant de telle façon que les enseignes et les séries (fort caricaturées et standardisées) par exemple semblent être virales.
J’ai failli avoir l’occasion pendant mon séjour en Espagne, d’être introduit dans le milieu taurin. J’ai donc pensé aux images que je souhaitais faire de cet univers qui m’est inconnu, réfléchi à ce que je voulais montrer, sachant que tout avait déjà dû être fait.
Alors plus que des images d’arènes, j’ai imaginé vouloir montrer toute cette énergie, ce risque pris, voir même tout simplement montrer l’émotion de cet instant dans l’arène. La fascination pour l’habit de lumière, les motifs en général et la force des couleurs, voilà j’y étais : photographier le toreador à sous retour immédiat de jeu de la mort.
Puis en réfléchissant, je compris que pour rendre toute la force de l’impact de l’exercice sur l’individu, il fallait faire un portrait similaire au possible AVANT, et présenter le diptyque pour que l’on puisse mesurer l’intensité sur le visage.
Projet difficile à mettre en place, et faute de temps sur place, non réalisé.
Toutefois, le hasard pendant ce temps d’attente me fit découvrir le travail d’un photographe que j’affectionne particulièrement depuis, dont un qui était la réalisation du concept que j’avais pu imaginer.
Concept que ce photographe, Dominique Delpoux, réalisa avant même que je n’y songe.
http://www.dominiquedelpoux.com/pages/categorie-1.html
Histoire certainement banale, mais que j’ai eu envie de raconter aujourd’hui au regard du travail d’un autre, le photographe danois Nicolai Howalt que je viens de découvrir :
http://www.nicolaihowalt.com/works_show_thumbs.php?141_boxers et
http://www.nicolaihowalt.com/works_show_thumbs.php?boxer
Là encore, même concept, plutôt que montrer une scène : son résultat.
je crois sincèrement que l’on peut être plusieurs à faire exactement la même image, sans qu’il soit d’ailleurs obligatoire d’être au même endroit ni au même instant.
J’ai également découvert le dernier ouvrage de Jean Gaumy « D’Après Nature » magnifiquement réalisé par les éditions Barral :
http://www.magnumphotos.com/c.aspx?VP=XSpecific_MAG.BookDetail_VPage&pid=2TYRYDB7VL9D
La similitude de certains de ses clichés de montagne avec ceux que j’ai pu faire, également dans le rendu, me laissèrent sans voix.
Alors quoi ? la raison de tout cela est bien de comprendre, il me semble, que la seule différence entre deux photos proches ou identiques faites par deux ou plus d’individus est l’intention de ceux -ci.
L’intention de l’auteur m’apparait être indisociable de sa production, et derrière cela le résultat de son parcours, son identité.
Dans le photojournalisme c’est certainement un euphémisme que de parler d’une photo aux paternités multiples :
http://www.telerama.fr/monde/haiti-l-autre-image-qui-derange,67837.php
C’est pourquoi j’apprécie de plus en plus écrire et raconter comment j’en suis venu à telle image et me régale de voir fleurir sur le net le blog de photographes se racontant, pour exemple celui-ci :
http://photoactu.blogs.liberation.fr/calvet/2011/02/comment-jai-failli-rentrer-bredouille.html
ou celui-là (bien d’autres sur TED.com, et en multilangue !!! )
http://www.ted.com/talks/lang/fre_fr/taryn_simon_photographs_secret_sites.html