Représentation du dimanche 15 mai 2011
Voilà une production qui nous éclaire, s’il en était besoin, sur les quelques points suivants :
– tout d’abord, Camille Saint-Saëns aurait eu pour idée de départ de composer un oratorio. Au niveau du résultat, cela paraît évident, et cela nous va fort bien.
– d’aucuns trouvent un peu trop d’insuffisances à la partition. Ils l’ont très mal écouté, ou bien, ils n’ont jamais eu le bonheur de l’entendre interprétée comme cette après-midi. C’est une partition pour une très grande formation, et passionnante par les nombreuses interventions des différents pupitres, sans oublier la diversité dans les percussions. Mais il faut un orchestre d’excellent niveau, et nous l’avons eu.
– certains parlent de quelques tunnels, mais il y a bien d’autres tunnels dans nombre d’opéras pourtant très admirés.
– Tugan Sokhiev a trouvé là, œuvre lui permettant d’extérioriser toute sa sensibilité musicale. Cet artiste “sent vraiment la musique“. Son immersion dans les pupitres de l’orchestre, dans les chœurs, et “dans“ les solistes est impressionnante de réussite. Rien ne semble pouvoir lui échapper. Ne va-t-il pas jusqu’à forcer un peu la donne quand son intuition l’alerte sur quelque défaillance semblant menacer son Samson ! L’heure n’est pas encore à l’écroulement des colonnes, il faut attendre la fin !
– les masses orchestrales sont omniprésentes. Elles furent plus qu’à la hauteur, même si, pour moi, d’un niveau sonore un peu trop présent, tout cela évidemment en fonction de la situation de votre fauteuil dans cette maudite Halle aux grains qui frustre bon nombre de spectateurs des interventions, par exemple des solistes. Ce fut hélas le cas encore. Pour un tel ouvrage donné en version concert, et qui présente de telles interventions des masses chorales, il faudrait supprimer à la vente la moitié de la salle. A part le Grand Prêtre Dagon, le baryton-basse islandais Tomas Tomasson, avec une voix d’une rare projection et d’un diction en français assez remarquable, ce fut plus compliqué pour les deux voix marquantes de l’œuvre. Ben Heppner a dû déployer toute sa science et son métier de la scène pour arriver jusqu’au bout de sa prestation sans trop de dommages. Des dommages, il y en eut bien davantage pour le temple qui s’est bien, somptueusement écroulé sur les Philistins. Mais Samson nous a beaucoup “stressé“ ! Dalila avait décidé d’être une Dalila, mais si certains ont pu parler d’une diction satisfaisante pour la mezzo remplaçante d’Olga Borodina programmée au départ, c’est qu’il y a sûrement besoin de petits réglages au niveau des appareils acoustiques d’appoint. Le rôle a été tenu, point. Et quelques passages dans le style “effet Larsen“ ne nous ont pas davantage convaincu. La prestation fut honnête, mais les spectateurs placés sur les ailes n’ont guère pu en penser grand chose.
– En résumé, vive un nouveau Samson et Dalila, avec Samson, et Dalila.