Le Théâtre du Capitole fait une nouvelle incursion dans l’œuvre de Carl-Maria von Weber avec cette nouvelle production d’Oberon, opéra ultime de son compositeur, créé le 12 avril 1826, moins de deux mois avant sa mort, le 5 juin, à l’âge de quarante ans. Comme Euryanthe l’an passé, c’est, semble-t-il, une entrée au Capitole. L’œuvre est en effet très rarement donnée, et encore moins en version scénique dans les salles d’art lyrique. Composée sur un livret anglais de James Planché, elle répondait à une commande du Covent Garden de Londres. Elle soulèvera alors très vite l’enthousiasme de l’Europe entière et traversera même l’Atlantique. Cet Oberon n’est pas tiré du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, mais de la geste médiévale de Huon de Bordeaux, geste qui avait, elle, inspiré l’écrivain anglais. Sorte de conte fantastique, ce n’est pas un opéra courant, et une production actuelle se devra de réduire le texte parlé de ce livret absolument “abracadabrantesque“ pour ne pas décontenancer le spectateur !, qui pourra alors concentrer toute son attention sur une musique très fine et lyrique qu’évoque avec beaucoup de persuasion le directeur musical Rani Calderon en charge des représentations toulousaines.
«Weber est un musicien fondamental dans l’histoire de la musique occidentale, et dans l’histoire de l’opéra allemand en particulier. C’est l’un des compositeurs les plus appréciés par les musiciens, et certainement l’un des plus étrangers au public. Et pourtant, il a la force et le pouvoir de Beethoven, la pureté de Mozart et, déjà, le sentiment romantique de Wagner. De plus, il possède la technique italienne de l’opéra et un sens fabuleux de la dramaturgie musicale. Et puis, il y a l’orchestration de Weber, une orchestration d’une incroyable modernité. A mon avis, Wagner n’a fait que continuer l’œuvre de Weber. Ces deux compositeurs étaient “connectés“ avec le même génie.»
Pour faire court, l’opéra commence comme Le Songe d’une nuit d’été, par une des cent querelles d’Oberon, roi des fées, et de Titania, sa reine, de “sacrés amoureux“ qui ne savaient que se disputer pour mieux se prouver leur amour. Dans le monde de fantaisie de leur royaume vient s’insérer, en abîme, l’histoire chevaleresque de Huon et de Rezia, la fille du calife de Bagdad. Dans un nouveau billet, il vous sera conté plus en détails, le livret afin d’avoir quelques points de repère avant, en attendant les surtitrages qui prouveront là, une fois de plus leur très grande utilité.
On retrouve avec un plaisir évident, le ténor allemand Klaus Florian Vogt qui chante le Sire Huon, et la soprano allemande Ricarda Merbeth qui interprète Rezia. La mise en scène est confiée à Daniele Abbado, tandis que Ruth Orthmann a la charge du poste indispensable : Dramaturgie et adaptation des dialogues parlés.
Michel Grialou
Théâtre du Capitole du 19 au 29 avril.