L’édition 2019 du célèbre Festival Castell Peralada, manifestation qui se déroule faut-il rappeler juste derrière les Pyrénées, côté espagnol bien sûr, à quelques trois petites heures de Toulouse, propose cette année encore une programmation que l’on peut qualifier sans crainte de somptueuse. Du 4 juillet au 17 août, ce ne sont pas moins de 25 spectacles qui sont offerts aux mélomanes, balletomanes et amateurs de musiques diverses.
La programmation « lyrique et musicale »
Disparue l’an passé, l’immense soprano catalane Montserrat Caballé fut depuis les débuts de cette manifestation très attachée au Festival Castell Peralada où elle se produisit près de vingt fois, jusqu’en 2011. C’est donc à juste titre que le Festival lui rend hommage cette année en lui consacrant une exposition de photos d’archives rappelant ses grands moments en ce lieu magique.
Le 18 juillet, ouverture des festivités lyriques avec la création mondiale d’un opéra de chambre : Dialegs de Tirant et Carmesina, musique de Joan Magrané, livret de Marc Rosich d’après l’œuvre de Joanot Martorell, variations très intimes sur l’amour au sein d’un couple sous forme d’une grande fresque médiévale.
Soirée exceptionnelle en ce 19 juillet avec une représentation de la fameuse Histoire du Soldat, sur une musique d’Igor Stravinski et un texte de Ferdinand Ramuz. Dans la mise en scène et la vision d’Alex Ollè (La Fura dels Baus), l’ouvrage s’intitule L’Histoire d’Un Soldat et s’achève sur la déchirante lettre de Daniel Somers, un soldat qui ne fut pas capable de surmonter le stress post-traumatique, après sa participation dans la guerre d’Irak. La vision du metteur en scène catalan dépasse largement par son envergure celle d’une œuvre chambriste. C’est le talentueux comédien belge Sébastien Dutrieux qui tiendra les trois rôles, celui du Narrateur, du Diable et du Soldat. Une sacrée performance à ne manquer sous aucun prétexte.
A partir du 20 juillet, début des grands rendez-vous lyriques avec Ludovic Tézier, suivi par Camilla Nylund le 3 août, Joseph Calleja le 4 août, Nuria Rial et Juan Sancho dans un programme haendélien le 8 août, enfin celui dont tout le monde attendait avec impatience le retour, Juan Diego Florez qui se produira le 9 août accompagné par l’Orchestre symphonique del Vallès aux côtés de la soprano Ruzan Matashyan dans un programme Gounod, Puccini et Donizetti. Une autre date, précieuse entre toutes, est certainement celle du 17 août. Ce soir-là, en hommage à Montserrat Caballé, la grande soprano Sondra Radvanovsky, véritable reine du MET de nos jours, interprètera quelques-uns des rôles qui marquèrent la carrière de sa consœur disparue l’an passé.
Et l’opéra alors ? Ce sera La traviata les 5 et 7 août dans une mise en scène de Paco Azorin, sous la direction musicale de Ricardo Frizza à la tête des phalanges du Liceu de Barcelone et du Chœur Intermezzo. Sur le plateau, un trio éblouissant : la jeune (35 ans !) soprano russe Ekaterina Bakanova, le ténor texan René Barbera et le baryton hawaïen Quinn Kelsey. Le rendez-vous incontournable du Festival.
Une autre date à sanctuariser est celle du 10 août car ce sera celle d’un concert d’avance mémorable qui réunira le Mahler Chamber Orchestra and Friends sous la direction de Gustavo Dudamel pour un programme qui débutera par le merveilleux Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn et se poursuivra par la Titan de Mahler. Un must !
La programmation « danse ».
Les 4 et 5 juillet, le Festival invite le Ballet du Théâtre Mariinsky de Saint- Pétersbourg dans deux programmes différents. Le premier est entièrement occupé par Les Quatre Saisons sur une chorégraphie de Ilya Zhivoi, ballet créé à Saint-Pétersbourg en 2017 sur une musique de Max Richter, compositeur britannique contemporain. Le second rend hommage à de grands classiques du 20è siècle : Chopiniana de Michel Fokine, In The Nightde Jérôme Robbins et Marguerite et Armand de Dudley Simpson.
Le 26 juillet et pour une unique représentation, le Festival reçoit pour la première fois le Ballet Nacional Sodre d’Uruguay dans El Quijote del Plata sur une chorégraphie de Bianca Li créée en 2018, une œuvre inspirée de l’union de la figure universelle de l’hidalgo Don Quichotte de la Manche avec celle du célèbre Uruguayen Arturo E. Xalambrí, un personnage passionné, excentrique et extraordinaire, responsable de la conservation à Montevideo de l’une des plus grandes collections de livres de Cervantès d’Amérique Latine. La rencontre s’annonce passionnante sous le regard de la célèbre chorégraphe espagnole.
Le 15 août et comme il est de tradition, le Festival accueille une star de la danse. Cette année, retour du Cubain Carlos Acosta et de sa toute jeune Compagnie pour une soirée dans laquelle il a convié rien moins que Goyo Montero, Sidi Larbi Cherkaoui, Russell Maliphant et Jorge Crecis. Autrement dit, la fine fleur de la danse internationale. Une soirée de rêve assurément !
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse
Festival Castell de Peralada
du 04 juillet au 17 août 2019