Au Théâtre de la Cité, le programme «Partage de danses» regroupe des pièces de Maguy Marin, Kader Belarbi et Cayetano Soto interprétées par le Ballet du Capitole.
Le Ballet du Capitole interprète au Théâtre de la Cité quatre pièces contemporaines qui reflètent divers états des relations entre les êtres : au sein de la famille lors des repas (« Liens de table ») ou à l’occasion de la disparition d’un être cher (« Fugaz »), au sein d’un duo d’amour des amants originels (« Eden »), ou au sein du groupe social avec des expressions poétiques et légères de corps assumés dans toute leur singularité (« Groosland »).
Créée à Amsterdam, pour le Ballet national de Hollande en 1989, « Groosland » (photo) est une pièce de Maguy Marin entrée en 2014 au répertoire de la compagnie toulousaine. Les costumes rembourrés déformant les corps ont été conçus par Montserrat Casanova. Dans « Groosland », tous les danseurs interprètent des personnages corpulents évoluant avec grâce et rapidité sur la musique de Johann Sebastian Bach. La chorégraphe porte un regard tendre et amusé sur ces dix hommes et dix femmes à la silhouette dérangeante. Elle prévient : «La question du corps des danseurs, la façon dont on présente le corps, aujourd’hui, c’est quelque chose qui m’affecte et qui me tarabuste. J’ai voulu montrer que des personnes en surpoids pouvaient aussi danser et se mouvoir avec légèreté, élégance. La danse, pour moi, n’est pas tant liée à un profil corporel esthétique qu’à la maîtrise d’une technique, qu’à une science du rythme, des mouvements, de l’espace… Or, il faut bien réaliser que nous sommes dans une société au regard formaté qui empêche certains corps d’être dansants. Heureusement, la danse contemporaine a ouvert les portes à d’autres corps que ceux réservés à la danse classique, même si, étant moi-même de formation classique (j’ai commencé ma carrière de danseuse au Ballet de l’Opéra de Strasbourg), j’ai beaucoup d’affection pour la danse et les danseurs classiques. Pour « Groosland », c’est vraiment la musique de Bach qui m’a donné envie de créer cette pièce avec des corps rebondissants, lourds et légers en même temps. Cette musique de Bach, en l’occurrence les deuxième et troisième Concertos Brandebourgeois, est pour moi comme une célébration».
Entrée au répertoire du Ballet du Capitole en 2015, « Eden » est une chorégraphie créée par Maguy Marin en 1986. Ce duo évoque le jardin d’ »Eden », l’amour originel, le temps de l’innocence, au son de cascades et d’orages. L’homme y empoigne la femme qui s’abandonne, pendant treize minutes, et ces deux êtres deviennent un pour ne plus se défaire. Pour Kader Belarbi, directeur du Ballet du Capitole, «le mythe originel d’Adam et Eve apparaît bien de manière intemporelle à travers ces deux corps qui nous parlent. Le corps à corps d’un homme et d’une femme manifeste le contact intime de ce que l’on appelle en danse, l’adage, un mouvement long et continu partage entre deux corps. Ici, la femme se lie et se délie sur le corps de l’homme comme une liane, sans presque toucher terre. Il est question d’un accord entre deux.»
Pour ce programme, Kader Belarbi a choisi de reprendre sa pièce « Liens de table », créée en 2001 pour le Ballet du Rhin, sur un quatuor à cordes de Dmitri Chostakovitch. La pièce réunit deux générations autour de l’objet central, la table, cristallisation des échanges, partages ou conflits. Enfin, « Fugaz », du Barcelonais Cayetano Soto, a été créée en 2007 et sera dansée pour la première fois par le Ballet du Capitole. Cette pièce à l’écriture très contemporaine s’inspire de la relation du chorégraphe avec son père, disparu au terme d’une longue maladie.
Jérôme Gac
pour le mensuel Intramuros
Billetterie en Ligne du ThéâtredelaCité
ThéâtredelaCité
Partage de danses • Marin / Soto / Belarbi
du 13 au 15 mars 2019