Henri Bornstein a écrit de nombreux textes de théâtre jeune public dont Moi, Arcan, prix Collidram des collégiens 2016. Son dernier texte, Prince Lepetit raconte l’histoire d’un jeune garçon qui mène une vie sans histoires entouré de parents aimants jusqu’au jour où sa mère est victime d’un accident et transportée à l’hôpital. Pour traverser cette épreuve, Prince est accompagné de son fidèle compagnon le lapin Aristote qui va lui apprendre à dépasser ses peurs grâce au pouvoir de l’écriture et de l’imaginaire. Fable éducative, Prince Lepetit est aussi un conte plein d’humour où l’on retrouve des références à d’autres petits princes et à d’autres lapins de pays des merveilles…
L’histoire de Prince Lepetit a fait écho illico auprès de Lou Broquin, l’artiste qui met en scène le beau texte d’Henri Bornstein. Un aperçu sensible de sa création en quelques mots choisis :
Enfance : « Dès la première lecture, j’ai aimé ce texte. En effet, ce n’est pas parce qu’on crée pour des enfants qu’on doit manquer d’exigence ni d’honnêteté. S’adresser aux petits ce n’est pas écrire à genoux pour se mettre à leur taille, mais c’est parler à des êtres humains qui sont déjà actifs dans la construction du monde. Je protège leur vulnérabilité mais je laisse le chemin des questions grand ouvert».
Liberté : « Au fur et à mesure de la création, mes images, mes présences, mes fantômes se sont ajoutés à ceux du récit et le livre s’est déplié, déployé. Et mes visions de départ ont changé au passage au plateau, elles sont devenues plus oniriques, intimes, totalement en prise avec les états d’âme de Prince, sa perception, ses émotions et son évolution. Au final, sans que j’en modifie une ligne cette histoire m’a donné une liberté totale».
Dépasser : « C’est un mot qui dit d’abord que quel que soit son âge, on peut aller plus loin que la souffrance. Ce petit garçon confronté à une séparation brutale d’avec sa mère dont on ne connaît d’abord pas l’issue, sublime ce drame grâce à l’imaginaire et à la rêverie. Ce mot nous dit aussi qu’en tant que spectateur on doit accepter de dépasser l’approche naturaliste, se laisser immerger. Accepter qu’un personnage ait plusieurs figures qui le définissent, aller sans peur vers davantage d’abstraction et se laisser embarquer dans cette aventure».
Un indice sur la forme :
Pour Lou Broquin « d’avoir eu ce texte entre les mains en exclusivité avant tout le monde j’étais tellement contente ! C’était une évidence absolue, bien sûr parce que la dimension cathartique du récit me parle mais surtout parce qu’il a ouvert en moi immédiatement tout un flot d’images. J’adapte, je mets en scène mais je suis aussi plasticienne et les images viennent tout de suite accompagner le propos. Le personnage de ce petit garçon m’a amené vers des choses que je n’avais jamais été explorer de cette façon-là, j’ai construit ses images mentales à lui en mettant mon imaginaire à son service. On me demande souvent, est-ce que je trouve que mes spectacles sont beaux ? Je ne sais pas. Chaque spectacle a sa propre esthétique, belle ou pas. Ce sont les textes qui m’amènent à des esthétiques très différentes, parfois très sombres et loin de moi. »
Propos recueillis par Cécile Brochard
Billetterie en Ligne du ThéâtredelaCité
Théâtredelacité
Prince Lepetit d’Henri Bornstein
du 14 au 21 mars 2019