Réflexions futiles, choses vues et souvenirs inspirés par la ville et ceux que l’on y croise.
Vendredi 8 février : dîner avec Philippe Ségur à La Pente douce. Très bon, comme d’habitude. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas poussé la porte du restaurant de la rue de la Concorde. Trop longtemps aussi que nous ne sommes pas allés chez Solides. Et aux Planeurs… L’abondance de biens gastronomiques à Toulouse contraint désormais le gastronome à faire de dommageables impasses. En revanche, la livraison 2019 du Michelin ne nous aura rien appris. Sinon que le guide des pneumatiques a donné une étoile au Cénacle. Ah… Bizarre… Il faudrait peut-être y retourner car notre unique déjeuner dans cet établissement, fin 2017, ne nous avait pas donné envie d’y revenir. Plats mollassons, carte des vins paresseuse mais dotée d’un solide coefficient multiplicateur.
Un après-midi, place Saint-Etienne, un homme s’exclame : « Le jugement dernier viendra et ce ne sera pas celui des hommes. » On le savait déjà, mais il est toujours bon de le rappeler.
En décembre, on ne me prenait pas au sérieux quand je disais que les samedis Gilets jaunes dureraient jusqu’en juin.
Il paraît que le samedi 23 février, Toulouse sera la capitale de la mobilisation des Gilets jaunes. Nous voilà bien. Nous n’avions pas suffisamment de casseurs et d’abrutis. Les renforts arrivent.
Vendredi 15 février, avant un rendez-vous professionnel, je cherche un bar afin de boire un café. Le quartier dans lequel je me trouve, bien que relativement central, en est désespérément dépourvu. Je dois revenir sur mes pas et jette mon dévolu sur un endroit dans lequel j’étais entré une seule fois, il y a des années, en fin de journée, avec des camarades un brin éméchés. Dans le rade, deux de mes compagnons avaient commencé à se battre – gentiment, entre copains, comme ça, pour se marrer – et à tomber au sol en provoquant la chute de quelques chaises. Le tout sous le regard imperturbable de la tenancière et d’un bull-dog qui avaient dû en voir d’autres. Ce vendredi, à 17 heures, l’ambiance est plus paisible, mais les clients du troquet valent le détour. Un groupe de trois hommes plus ou moins alcoolisés, un jeune homme, un homme d’âge plus avancé qui fait son entrée en clamant « Le travail ne veut pas de moi ! » et une femme approchant la soixantaine à l’allure de pochtrone. Tous sont au demi. Au regard de leurs verres d’une taille conséquente, j’en déduis qu’ici l’happy hour a déjà commencé. L’un des clients a aussi un Ricard à côté de sa bière. Il alterne. Bonheur de découvrir un vrai bar du monde d’avant. Pas de BFMTV, de musique lounge, de cocktails compliqués, de jus de fruits exotiques, de gens happés par leurs iPhones ou instagramant à tout va. Non, on picole en cadence. Les verres ne restent pas longtemps vides. Ici, on parle fort, on s’apostrophe, on ricane, on blague, on titube. On est sacrément vivant.
Pourquoi les joggers urbains semblent-ils friands du jaune fluo ? Un hommage aux Gilets ? Ce lundi 18 février, peu après quatorze heures, deux d’entre eux se livraient à leur hobby dans une rue Alsace-Lorraine qui ne paraît pas, de prime abord, l’espace le plus favorable à cette occupation. Le premier que j’aperçus portait donc un mini-short jaune fluo, mais il fut bientôt rattrapé puis dépassé par l’un de ses coreligionnaires arborant pour sa part un tee-shirt de la même couleur – couleur que l’on retrouvait également sur leurs chaussettes. Un bref instant, le moment du dépassement, une certaine harmonie se détacha du tableau.
Assez de jaune. Changeons de couleur. Qui a eu l’étrange idée de planter une espèce de bonhomme rouge à la place de la statue de Jeanne d’Arc pendant que celle-ci se fait refaire une beauté ?
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