Quinze spectacles investissent les petites et grandes scènes de l’agglomération toulousaine à l’occasion du festival Ici&Là.
Pendant près de trois semaines, La Place de la Danse invite les spectateurs à découvrir une quinzaine de spectacles dans le cadre du festival Ici&Là. Du 23 janvier au 9 février 2019, dans plusieurs salles de l’agglomération toulousaine, chorégraphes et danseurs tracent à travers leurs œuvres un instantané de la danse d’aujourd’hui ; exploration du corps et du mouvement, danse engagée ou hip-hop métissé.
Influences du hip-hop
Avec son hip-hop mêlant danse contemporaine et arts martiaux, le duo Wang Ramirez séduit le public international, succès couronné par une collaboration avec Madonna sur sa tournée « Rebel Heart » et deux distinctions aux Bessie Awards. Dans Everyness, cinq danseurs évoluent autour d’une sculpture lumineuse (Théâtre de la Cité, 24 et 25 janvier).
Dans son solo Man Rec présenté au festival d’Avignon, Amala Dianor dévoile ses multiples influences au gré des techniques qu’il a apprises. Hip-hop teinté de danse contemporaine, classique et africaine, reflet de ses collaborations avec des chorégraphes aux univers variés ; Farid Berki, Roland Petit, Emmanuel Gat. Trait d’Union est proposé le même soir, un dialogue entre la danseuse Sarah Cerneaux et le calligraphe Julien Breton (Centre culturel Henri Desbals, 26 janvier).
Les femmes créatrices
L’édition 2019 du festival Ici&Là n’accueille que trois chorégraphes masculins. Cette année, La Place de la Danse laisse principalement la place aux femmes.
Lucinda Childs, figure incontournable de la post modern dance, est à l’honneur à Odyssud (6 et 7 février). Le Ballet de Lyon reprend au geste près, quarante ans après sa création, l’œuvre emblématique de la chorégraphe américaine : Dance. Inspiré par le minimalisme, soutenu par la musique addictive de Philip Glass, le spectacle reproduit à l’identique la pièce originale. Une conférence est organisée sur Lucinda Childs à l’espace Roguet (28 janvier).
Dix femmes questionnent la féminité dans The Sea Within de Lisbeth Gruwez, à la recherche de leur paix intérieure. Compositions organiques sur tapis rose explorant les mouvements de l’âme, l’ordre et le chaos (L’Escale, 29 janvier). Pour se rendre à la salle de spectacle, une navette est mise à disposition des spectateurs (sur réservation, 3€ l’aller-retour).
Explorations corporelles
« Nous abordons les os, les muscles, l’imaginaire, les émotions, le son et la lumière, comme un ensemble d’éléments […] qui transforment nos corps comme un paysage », déclarent Vania Vaneau et Anna Massoni à propos de leur pièce Ornement (Studio du CDCN, 26 janvier). Des corps portés par la musique de Denis Mariotte, compositeur et musicien ayant collaboré pendant vingt ans avec Maguy Marin.
Les danseurs dirigés par Meytal Blanaru cherchent, eux, à se reconnecter avec leurs corps dans We Were The Future (La Fabrique, 30 janvier). La chorégraphe israélienne adepte de la méthode Feldenkrais, a créé sa propre pratique corporelle appelée Fathom High.
Avec Muyte Maker, Flora Détraz interroge la relation entre la voix et le mouvement. Quatre femmes dansent, rient et chantent jusqu’à ce que la joie, poussée à l’extrême, vire au grotesque. Dans la lignée de Maguy Marin ou Marlene Monteiro Freitas (Studio du CDCN, 2 février).
La danse comme reflet de la société
Au programme également du festival Ici&Là, l’œuvre militante de la brésilienne Lia Rodrigues. Créé dans la favela de Maré à Rio de Janeiro où la chorégraphe a installé sa compagnie et un centre d’art, Fúria traite avec intensité de l’altérité, du collectif et de la survie (Théâtre Garonne, 31 janvier et 1er février).
Le théâtre dansé d’Oona Doherty nous conduit, lui, en Irlande du Nord. Autour de son solo, Hope Hunt, l’artiste qui a longtemps vécu à Belfast s’approprie et chorégraphie les gestes quotidiens de ses habitants ; jeunes défavorisés, prisonniers… Oona Doherty présente également le solo The Ascension Into Lazarus (Studio du CDCN, 23 janvier).
Dernière étape de ce voyage, dans les traces d’Olivia Grandville. La chorégraphe s’est rendue dans l’Ouest canadien et américain à la rencontre de la culture Amérindienne. Ce périple dont elle rêvait depuis qu’elle était enfant a abouti à la création de la pièce A l’Ouest, bercée par les compositions de Moondog (Théâtre Garonne, 5 et 6 février) et à la réalisation du film Traverser les Grandes Eaux qui sera projeté au CDCN (5 et 6 février).
Un festival tout public
Le festival Ici&Là s’adresse aussi aux plus petits. Deux spectacles sont accessibles aux enfants : Pierre Loup de Dominique Brun, fable chorégraphique qui associe à chaque personnage du conte une façon de danser (Centre Culturel de Ramonville, 1er et 2 février) et Twice, deux pièces contraires. Dans un univers onirique, Emmanuel Eggermont joue sur les formes et les couleurs tandis que Robyn Orlin s’attaque aux phénomènes de harcèlement chez les adolescents et les enfants.
Enfin, parce que la danse appartient à tout le monde, Marion Muzac propose à des spectateurs volontaires de participer à son spectacle, Let’s Folk (Studio du CDCN, 9 février. Atelier sur inscription). Une expérience pour faire découvrir à chacun le plaisir que procure la danse et la joie de bouger en musique.
Crédit photo : Denis Koone Kuhnert / Stanislav Dobak