L’Incroyable Histoire du Facteur Cheval, un film de Nils Tavernier
Le dernier opus du fiston Tavernier nous propose une sorte de bio d’un personnage entré vivant dans la légende populaire, celle de Joseph Ferdinand Cheval (1836-1924). Meurtri par une vie qui ne l’a pas épargné, il perdra ses deux femmes et tous ses enfants, Joseph Cheval, qui débuta boulanger, embrassa ensuite la carrière postale.
Arpentant pendant des dizaines d’années les chemins de cette Drôme qui l’a vu naître, ébloui par la Nature qu’il croise en permanence, ce taiseux solitaire se prend alors d’une obsession afin de faire plaisir à sa fille Alice, lui construire le Palais Idéal.
En plus de ses tournées harassantes, il passe le plus clair de son temps, nuits incluses, à amasser des pierres et à les entasser, retenues par du mortier et du fer (il invente en quelque sorte le béton armé !), construisant un édifice totalement baroque. Il y consacrera 33 ans de sa vie. Aujourd’hui classé Monument Historique, ce Palais Idéal est probablement l’œuvre d’un génie « primaire », Joseph n’ayant jamais suivi d’études après son CEP, ni fréquenté quelque artiste que ce soit. Par contre il était curieux et feuilletait les revues qu’il transportait dans sa sacoche et, en cette fin du 19ème siècle, celles-ci se faisaient l’écho des grandes découvertes archéologiques. Ce n’est pas un biopic rigoureux, mais plutôt le portrait d’un homme pugnace, certes peu social, mais d’une volonté de fer. La reconstitution du milieu semi-rural qui fut le sien est d’une belle authenticité. Quant à Jacques Gamblin, pour lequel le rôle de Joseph Cheval fut écrit, il n’est rien de dire qu’il est « granitique ». Magnifiquement bien sûr. Le Palais Idéal se visite toujours.
Robert Pénavayre