Jane Bowles a écrit la nouvelle Camp Cataract. Marie Rémond et Thomas Quillardet l’adaptent au théâtre. La pièce Cataract Valley est jouée au ThéâtredelaCité, chaque soir, jusqu’au vendredi 19 octobre.
Au CUB, la salle du ThéâtredelaCité consacrée aux nouvelles et jeunes créations, ont lieu les représentations de Cataract Valley. Il n’y a pas de gradins vides. Sur scène, se tiennent des pins, leurs épines tapissent le sol, des bûches et rondins de bois et une cabane, coupée transversalement de façon à ce que l’on aperçoive l’intérieur. Au fond, un canal coule. Cette forêt, en pleine nuit, est le lieu où se déroule l’intrigue, à la lueur de lanternes et de lampes.
Harriet, interprétée par Marie Rémond, habite cette cabane, un Henry David Thoreau en herbe. Elle est vêtue d’une espèce de costume d’amazone péruvienne. Sadie, sa soeur, jouée par Caroline Arrouas, souhaite qu’elle rentre vivre dans l’appartement familial. Entre dégustation de guimauve, tentative de méditation en pleine conscience, camelotes refourguées aux touristes, l’histoire se déplace dans différentes directions, presque à l’aveugle.
Les comédiens ont, collé à leur tempe, un micro. Le dispositif permet de jouer sur les matières sonores, les échos, les murmures et les bruits de bouche. Le remarquable Laurent Ménoret étonne ainsi dans une scène de repas où il se goinfre véritablement, il mange sans discontinuer tandis que la femme du personnage qu’il interprète crie sur sa belle-soeur.
En septembre, Opéra Pagaï faisait du ThéâtredelaCité une Cité Merveilleuse en y faisant entrer moutons, tournesols, escaladeurs et paysan. Le spectacle présent s’embarque dans cette direction en faisant tomber des trombes d’eau sur scène, en installant un décor forestier. Faire entrer l’eau au théâtre suscite un certain plaisir chez le public.
Le spectacle déstabilise. Des répliques et scènes tombent parfois à plat, sonnent faux. Une grande étrangeté peut être ressentie par le spectateur. Un rien provoque une colère noire, les événements montent vite en épingle. La folie et la démence sont fortement présentes. La déception est rattrapée par deux belles scènes venant clore la pièce et laissant un voile brumeux devant les yeux du spectateur.
Valentin Chomienne