Récompensé par la Caméra d’Or au festival de Cannes, Girl sort en salles cette semaine. L’histoire de Lara, jeune fille qui rêve de devenir ballerine mais qui est née dans un corps de garçon, a bouleversé la Croisette. Un film subtil et puissant où la question de genre comme la danse sont au premier plan.
Le réalisateur belge Lukas Dhont signe à 27 ans son premier long-métrage, couronné de succès : Girl est reparti du festival de Cannes avec le prix de la Caméra d’Or. L’histoire de Lara, un adolescent qui a choisi de changer de sexe et qui est prêt à tout pour devenir danseuse professionnelle, a été ovationnée par la critique. Un rôle complexe, brillamment interprété par le danseur Victor Polster.
Victor Polster, la révélation
Acteur pour la première fois de sa vie, il incarne avec douceur et force le personnage de Lara, performance pour laquelle il a reçu à Cannes le prix d’interprétation Un Certain Regard. Lukas Dhont et Victor Polster… ces deux là ont mis du temps à se trouver. Le réalisateur a auditionné cinq cents jeunes, filles, garçons et transgenres avant de tomber sur Victor, élève au Ballet royal d’Anvers. Pour le rôle, il s’est entraîné à danser sur pointes pendant trois mois, dix heures par semaine : « Le travail sur pointes était essentiel, on voulait créer des difficultés », raconte Lukas Dhont qui mêle à des instants de douceur, la souffrance constante du corps.
Des chorégraphies signées Sidi Larbi Cherkaoui
Lukas Dhont a fait appel au belge Sidi Larbi Cherkaoui pour élaborer les chorégraphies du film : « C’était très important pour moi que le chorégraphe ait déjà une expérience dans la vidéo. Sidi Larbi Cherkaoui a été très touché par le scénario et il a voulu m’aider à raconter cette histoire ». Un titre de plus à la filmographie du danseur belge qui a déjà signé les chorégraphies d’Anna Karénine, le film de Joe Wright avec Keira Knightley et Jude Law et aussi le clip de Beyoncé et Jay-Z, Apeshit, tourné au Louvre.
Filmer la danse
Plus jeune, Lukas Dhont était passionné de danse et voulait devenir danseur professionnel, avant de se consacrer au cinéma. Derrière la caméra, la danse ne l’a pas quitté, lui qui a déjà collaboré avec le chorégraphe Jan Martens : « La danse est toujours présente dans mes films mais filmer la danse est très complexe car c’est la forme d’art la plus physique. Je retrouve rarement cet effet physique quand je vois un film de danse », affirme le réalisateur. La caméra tournoyante suit en plans serrés les pas de Lara, virevoltante, dans cet univers où la question du corps est omniprésente alors que le sien ne lui convient pas, pas assez conforme à l’image de la ballerine féminine et idéalisée. Lukas Dhont promet que son prochain film sera lui aussi très physique : « … mais d’une façon différente, dans un monde très masculin cette fois ».
Léa Guichou
Girl, de Lukas Dhont.
Sortie le 10 octobre 2018.
Durée : 1h45.
Crédit photo : ©Menuet