C’est la 19è saison dans laquelle on retrouve les musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse dans l’intimité de formations de musique de chambre. L’Association Internotes nous propose cinq concerts, toujours le lundi à 20h, et toujours à l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines. Ils sont présentés dans la brochure générale de l’Orchestre.
Pour ce qu’il en est du premier rendez-vous, le lundi 8 octobre, entièrement consacré à Johannes Brahms, ce sont six instruments à cordes sollicités pour les deux sextuors écrits par le compositeur, les violons de Kristi Gjezi et Mary Randles, les altos de Bruno Dubarry et Juliette Gil et les violoncelles de Sarah Iancu et Élise Robineau.
L’écriture des deux œuvres est antérieure à celle des quatuors et des quintettes. Le Sextuor n°1 en si bémol majeur, op.18 écrit durant l’été 1860, Brahms a 27 ans, tout comme le Sextuor n°2 en sol majeur, op.36, écrit cinq ans plus tard (fini en 1865), sont en quatre mouvements, chacun d’une durée totale dépassant à peine la demi-heure.
Le n°1 comporte successivement, un Allegro ma non troppo, un Andante ma moderato, un nouvel Allegro (Sherzo), et, un Poco allegretto e grazioso.
Le n°2 attaque par un Allegro non troppo suivi d’un Scherzo (Allegro non troppo) puis d’un Poco Adagio et enfin un Poco Allegro.
La production de musique de chambre de Brahms est à peu près équivalente à celle concernant le piano seul avec vingt-quatre numéros et leur composition peu abondante dans son premier tiers de vie créatrice, comme s’il ressentait le besoin d’une maturité plus affirmée.
Mais si l’on insiste sur le “sentiment“ plus que sur la forme de la musique de chambre du compositeur, on laissera la parole à Claude Rostand qui a pu écrire : « Il n’y est bien entendu, toujours question que de musique pure, sans intentions ou prétextes vraiment littéraires. Toutefois, les sources d’inspiration en sont souvent très visibles : tels des poèmes, ou bien un sentiment de la nature généralement un peu mélancolique, et c’est le cas des deux sextuors, mais l’inspiration se fait très rarement tragique. Des sources d’inspiration populaires peuvent se signaler, ou bien des rencontres féminines, ou, et c’est le cas ici du n°1, la rencontre d’une personnalité comme le violoniste Joseph Joachim. » Quant à la forme, pas de révolution, aucune innovation particulière, ce qui ne veut pas dire, rien, bien au contraire, avec cette abondance des idées thématiques, la profusion des combinaisons des rythmiques et des ornementations et des couleurs, nourrissant d’extraordinaires développements.
Concernant le n°1, c’est Joachim qui en assure la promotion, si je puis dire, le jouant partout en Allemagne. On sait maintenant que ce sextuor est reconnu aujourd’hui comme étant un des chefs-d’œuvre de la musique de chambre à l’égal de ceux de Haydn, de Mozart, de Beethoven. Et, depuis Clara Schumann, qui écrit dans son Journal : « Il dépassa toutes mes attentes qui étaient déjà très grandes. », on est frappé par la perfection de l’ouvrage d’un Brahms de 27 ans. Il semble avoir, dans celui-ci, réalisé une synthèse de ses premières compositions car il joint à l’expression la plus profonde et la plus sincère, la fraîcheur, la clarté, la poésie et une richesse d’harmonie et de rythmes, tout en conservant ce style personnel qui le fait reconnaître dès les premières mesures.
Dans son ensemble, le n°2 est de caractère pastoral, comme la plupart de celles que Brahms composera à Baden-Baden, dont les montagnes et les forêts lui inspireront toujours une musique d’un sentiment expressif particulier. Avec un premier mouvement possédant plus que tout autre ce caractère agreste et sylvestre, dans un sentiment de tendresse doucement élégiaque. Remarque : ce sextuor fut donné aux Etats-Unis, à Zurich, à Londres, avant Vienne, bizarrement, qui attendra février 1867.
Remarque : les Clefs de Saint-Pierre font aussi quelques escapades jusqu’à Tournefeuille, en présentant des Concerts du Marché, le dimanche matin à 11h, à l’Escale et ce, 5 dates de prévues. Renseignez-vous sur leur site web : http://www.mairie-tournefeuille.fr/escale
Michel Grialou
Les Clefs de Saint-Pierre
Soirée Brahms • Saint-Pierre-des-Cuisines
lundi 08 octobre 2018 à 20h00