Lors du Marathon des mots, Joao Tordo est venu présenter son dernier roman traduit en français, Lisbonne Mélodies publié chez Actes Sud.
Joao Tordo fait sûrement partie de cette nouvelle vague d’auteurs portugais qui contribuent au rayonnement de la culture lusophone dans le monde. Il était, à ce titre, un des invités du Marathon des mots qui s’est tenu fin juillet et début août à Toulouse. Ce fut l’occasion pour l’auteur de parler de son écriture, de ses thèmes de prédilection et de son dernier roman traduit en français, Lisbonne Mélodies.
La quête d’une identité
Le roman nous plonge in medias res dans la vie d’Hugo qui a décidé de prendre une année sabbatique. Parti de Lisbonne quelques années auparavant, il s’est installé à Montréal où il joue de la contrebasse. Mais à présent, il décide de rentrer au pays. Sa sœur l’accueille, lui et Nutella, sa contrebasse encombrante. Les retrouvailles sont chaleureuses avec la sœur et le petit neveu Mateus, et distantes avec le beau-frère et la mère qui ne comprend pas la vie de son fils.
Hugo se sent seul, solitaire et torturé par une mélodie qu’il n’arrive pas à terminer et qu’il a nommé Dulcineia, le nom de la nounou de Mateus. L’intrigue, linéaire jusque-là, nous présente le passé d’Hugo en proie à de nombreuses angoisses. Or, tout va basculer en une seule rencontre. Hugo est entraîné par une connaissance de se sœur à un concert. Le pianiste connu et réputé est ovationné. Hugo ne prête pas attention à tout cela, ni au jeu du pianiste jusqu’à ce que celui-ci se mette à improviser une mélodie. La mélodie d’Hugo. Celle qui le hante depuis des années, celle qu’il a dans la tête, celle qu’il n’arrive pas à finir et dont il n’a jamais parlé à personne. Dès lors, pas de doute dans l’esprit d’Hugo, ce Luis Stockman lui a volé sa création. Mais comment ?
Le roman bascule dans une quête nerveuse très prenante. Qui est Stockman ? Le double d’Hugo ? On apprend au passage que Hugo a perdu son frère jumeau quelques heures après sa naissance et que Stockman lui ressemble énormément. Le récit frôle le surréalisme. Joao Tordo arrive à nous maintenir en haleine jusqu’à la fin en nous questionnant sur l’identité. On entend à tour de rôle les voix d’Hugo, de Stockman et d’un écrivain – autre double de l’auteur ? – qui finissent par ne faire qu’un afin de reconstruire la vie d’un homme.
Lisbonne mélodies est une fiction entraînante et puissante, c’est aussi un style, celui de Joao Tordo qui manie les personnalités avec agilité. Auteur déjà consacré au Portugal par le prix Saramago en 2009, il a su également conquérir le public lors du Marathon des mots. Un auteur à suivre.
Sylvie V.
Lisbonne mélodies, Joao Tordo, Actes Sud, 240 p.
photo : Joao Tordo © Vitorino Coragem