À la Halle aux Grains, le violoniste américain Chad Hoopes et l’Orchestre national du Capitole de Toulouse interprètent en création française le concerto « la Joie de la souffrance » de Qigang Chen, sous la direction du Chinois Long Yu.
Deux ans après un premier concert toulousain, le chef Long Yu (photo) et le compositeur Qigang Chen sont de nouveau à l’affiche de la saison de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Né à Shanghai en 1951, Qigang Chen est installé en France depuis de longues années. Influencé par la musique populaire traditionnelle chinoise, il écrit fréquemment pour les voix de chanteurs de différentes traditions. Son écriture synthétise les cultures chinoise et européenne, alliant la pensée chinoise et les concepts musicaux européens (« Yuan », 1988), les instruments traditionnels chinois et l’instrumentarium occidental (« Iris dévoilée », 2001 ; « Un temps disparu », 2002). Parmi ses œuvres symphoniques, son concerto pour piano « Er Huang » a été créé par Lang Lang et le Juilliard Orchestra, au Carnegie Hall de New York, en 2009.
Son Concerto pour violon sera joué pour la première fois en France, sous la direction de Long Yu, directeur artistique de l’Orchestre philharmonique de Chine et directeur musical des Orchestres symphoniques de Shanghai et Canton. Ici, Chen a pris pour thème de départ une mélodie chinoise ancienne, « Yang Guan San Die », elle-même basée sur le célèbre poème « Adieu » de Wang Wei, de la Dynastie Tang. Intitulé « la Joie de la souffrance », ce Concerto pour violon a été créé par Maxim Vengerov et le Philharmonique de Chine, en octobre dernier à Pékin, sous la direction de Long Yu. Déjà invité auparavant par l’ONCT, c’est le jeune Américain Chad Hoopes qui en sera l’interprète à Toulouse.
Ce concert de la saison de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse met également au programme la Quatrième symphonie de Gustav Mahler, créée en 1901 à Munich, sous la direction du compositeur. Après la démesure des deux symphonies précédentes, cette œuvre lumineuse écrite entre 1899 et 1900 fait figure de page classique au style lyrique lorgnant vers Joseph Haydn. Pleine de grâce et de gaieté, elle se présente comme un cheminement poétique entièrement conçu autour du quatrième et dernier mouvement, où Mahler insère le lied « la Vie céleste » tiré du recueil « Des Knaben Wunderhorn » (Le Cor merveilleux de l’enfant). La Quatrième symphonie est donc une lente ascension vers cette vision paradisiaque, naïve et colorée, vue par les yeux de l’enfance, où «Aucune musique ici-bas ne saurait égaler la nôtre». Alors que le compositeur entendait donner dans ce dernier mouvement l’impression qu’il n’y avait plus que la couleur du «bleu indifférencié du ciel», il parsème toutefois sa partition de touches grinçantes pour enrichir la palette de cette symphonie. La soprano Yuanming Song en sera l’interprète aux côtés des musiciens de la phalange toulousaine.
Jérôme Gac
pour le mensuel Intramuros
Orchestre national du Capitole de Toulouse
Long Yu (direction)
samedi 16 juin 2018 • Halle aux Grains (20h00)